En Turquie : marée humaine contre Erdogan

Une foule compacte à perte de vue : ce samedi 29 mars, plusieurs centaines de milliers de personnes de tout âge se sont rassemblées à Istanbul, à l’appel du CHP, le principal parti d’opposition en Turquie, auquel appartient le maire d’Istanbul Ekrem Imamoğlu. Ce dernier, qui est le premier rival du président Erdogan aux prochaines élections, a été arrêté le 19 mars dernier, déclenchant une vague de révolte massive.

Les organisateurs du rassemblement ce samedi revendiquent plus de 2 millions de participant-es. C’est en tout cas une lame de fond comme le régime autoritaire Turc n’en a pas vu depuis plus de 10 ans, lors du mouvement de la Place Taksim, à Istanbul, en 2013. Ce 29 mars, les manifestant-es scandaient d’ailleurs le slogan : «Taksim est partout, la résistance est partout !» en référence à ce mouvement, qui avait été férocement réprimé et a marqué les mémoires.

Depuis 10 jours, les autorités annoncent avoir arrêté près de 2.000 personnes, dont 260 ont été incarcérées. Les interpellations de masse se sont multipliées en Turquie sous Erdogan. Des dizaines de milliers de personnes suspectées d’appartenir à l’opposition ont été enfermées ou assignées à résidence ces dernières années, et l’administration a été purgée.

Le 28 mars, c’est l’avocat du maire d’Istanbul qui a été à son tour emprisonné, avant d’être relâché dans la journée. Une dizaine de journalistes ont également été arrêtés en début de semaine, dont un photographe de l’Agence France-Presse.

Cette répression n’a pas endigué le mouvement en cours, elle l’a même renforcé. Des manifestations et parfois des émeutes ont lieu chaque nuit dans tout le pays, générant des images iconiques : un Pikachu qui fuit la police, un manifestant faisant des pompes face aux policiers surprotégés qui tentent de lui tirer dessus, un manifestant portant un fez et un masque gazé par les forces de l’ordre…

Cette déferlante pourrait bien être le début de la fin pour l’autocrate Erdogan, religieux, autoritaire et conservateur qui gouverne avec des partis fascistes et tient la Turquie d’une main de fer depuis deux décennies.

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