La préfecture de Nantes profite des vacances pour expulser deux collégiens

La police aux frontières, le genre d'agents qui expulsent des collégiens juste par racisme.

Aleksandre et Anastasia étaient scolarisé-es à Rezé, près de Nantes, en 6ème et 4ème il y a encore quelques jours. Mais, sous la menace d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), la police est venue les chercher avec leur mère à 6h du matin au début des vacances, et la famille n’a eu que 30 minutes pour préparer quelques bagages.

Le temps de faire les formalités administratives, sans même passer par un centre de rétention, la famille était déportée par avion vers la Géorgie. Une mère et ses deux enfants se retrouvent ainsi dans un pays gouverné par un régime autoritaire pro-Poutine, que la famille avait quitté pour éviter d’être arrêtée. Le père, absent au moment de l’expulsion, est pour le moment parvenu à y échapper, mais se voit séparé de sa famille. Au déracinement s’ajoute la solitude et l’inquiétude, une sorte de double peine pour n’avoir commis aucun crime, si ce n’est de ne pas avoir la bonne nationalité.

Profitant des vacances scolaires, seule une poignée de personnes a pu se mobiliser pour mettre les affaires de la famille à l’abri dans un garage. Un déménagement solidaire qui intervient trop tard : l’expulsion a été expéditive. Les enfants scolarisés n’ont même pas pu dire au revoir à leurs camarades, les parents et la communauté scolaire sont indignés. Il est clair qu’il s’agit ici d’une opération politique, permettant à Bruno Retailleau de communiquer sur sa fermeté vis-à-vis des OQTF. Et c’est une famille parfaitement intégrée selon les normes des autorités elles-mêmes – même si aucun être humain n’est illégal, et que personne ne mérite d’être expulsé – qui en est ici une des victimes. C’est la manifestation concrète dans toute sa brutalité de la politique migratoire du gouvernement.

À Nantes, les autorités utilisent la manière forte depuis des mois. Contrôles d’identité massifs menés par les CRS, la douane et la brigade cynophile, conduisant à des dizaines d’arrestations dans le centre-ville, création d’un fichage illégal d’étranger à la demande de la préfecture, construction d’un nouveau Centre de Rétention… L’expulsion d’enfants géorgiens s’inscrit dans cette dynamique.

Cette histoire et ces méthodes rappellent l’inhumanité qui règne en France, où se développe un racisme d’État qui n’a rien à envier aux pires régimes autoritaires. Le principal du collège Salvador Allende, dans un message adressé aux parents d’élèves, parle d’un « acte barbare [allant] à l’encontre des valeurs prônées » dans son établissement. Les droits humains, que la République proclame comme « universels », sont en réalité perpétuellement remis en cause pour les personnes exilées. Du jour au lendemain, les droits à l’éducation, à une vie de famille, à la mobilité ou à la dignité peuvent être remis en cause.


Ce racisme d’État est insupportable. Combattons-le avec acharnement.


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