Pas question de « participer au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien ». Les dockers du port de Fos-sur-Mer, près de Marseille l’ont dit, et ils l’ont mis en application.

Tout est allé très vite cette semaine. Le 4 juin, le média d’investigation Disclose révélait qu’un cargo israélien devait faire escale le lendemain dans le port français pour embarquer le jour même «en secret, 14 tonnes de pièces détachées pour fusils mitrailleurs.» Ces pièces sont fabriquées par la société française Eurolinks, basée à Marseille. Dès la parution de cette information, le syndicat CGT des dockers de Fos-sur-Mer annonçait que le «conteneur rempli de maillons d’Eurolinks […] avait été mis de côté» et que les ouvriers ne le «chargeront pas sur le bateau».
Non seulement ces composants militaires essentiels pour relier les munitions sont restés à quai, mais les dockers ont également bloqué deux autres conteneurs remplis de tubes de canons fabriqués par la société Aubert et Duval, qui devaient être transportés par le même navire vers Israël. Vendredi 6 juin, le navire est finalement reparti sans le chargement qu’il devait récupérer en France. Dans la foulée, la CGT des des douanes a apporté son soutien à l’action en déclarant : «les douaniers ne veulent pas être complices de ce génocide. La douane peut mettre en place une interdiction d’exportation d’armes et de pièces d’armement, alors faisons-le !» En guise de mesure de rétorsion, la police a mis en garde à vue le secrétaire général de la CGT du Port de Marseille, qui « a été entendu plusieurs heures par les enquêteurs de la brigade financière » pour une affaire datant de 2014 et n’ayant en apparence pas de lien avec l’action syndicale. Une basse manœuvre qui ne fait guère illusion.
Cette belle initiative souligne, en creux, l’ignominie du gouvernement français, qui prétend publiquement condamner la situation à Gaza, mais qui continue à valider des livraisons d’armes de guerre.
Après Fos-sur-Mer, ce bateau devait accoster au port italien de Gênes ce week-end. Là aussi, les travailleurs ont pris le relais, en organisant rassemblement à l’entrée du port. Dans cette ville, dès 2019, les dockers protestaient contre les cargaisons d’armes saoudiennes destinées à la guerre au Yémen. Depuis, les travailleurs du port se sont organisés en collectif et se mobilisent régulièrement pour refuser la complicité de crimes de guerre, ils ont déjà refusé de charger des conteneurs pour Israël en 2023.
L’été dernier, un gigantesque pétrolier militaire, battant pavillon des États-Unis et pouvant transporter 300.000 barils de carburant sillonnait la Méditerranée pour se fournir et ravitailler l’aviation de guerre israélienne. En Espagne, le navire avait été empêché d’accoster à Gibraltar suite à la mobilisation de collectifs pour la Palestine. Le 30 juillet 2024, il n’avait pas pu s’arrêter dans le port.
Hors d’Europe, d’autres actions ont eu lieu. Le 20 avril, à Tanger, grand port du nord du Maroc, 1.500 personnes ont manifesté contre l’accostage d’un navire affrété par l’armateur danois Maersk : un porte-conteneur suspecté de transporter des pièces d’avions militaires vers Israël.
Les dockers de Tanger ont refusé de charger le matériel : « 18 des 20 opérateurs de grue à distance de la première équipe» du port cessé le travail. Deux jours plus tôt, une manifestation importante avait eu lieu à Casablanca pour dénoncer l’arrivée de ce navire au Maroc, et s’était heurtée à la police. Le 14 avril, un appel lancé par le Syndicat des travailleurs portuaires du Maroc appelait les «travailleurs, usagers et infrastructures opérant dans le port de Casablanca de boycotter le navire».
À Oakland en Californie durant l’automne 2023, le port a été bloqué pendant plusieurs jours pour empêcher un navire chargé d’armes destinées à Israël d’appareiller. Des centaines de personnes s’étaient relayées pour perturber l’activité portuaire et d’autres s’étaient enchaînées à l’entrée du bateau.
La guerre repose avant tout sur la logistique : fabrication et fourniture d’armes, ingénierie, carburant, transport… Sans les travailleurs et les travailleuses, aucune opération militaire n’est possible. La grève et le blocage ont toujours été les meilleurs moyens d’empêcher les massacres militaristes et les génocides.
Lorsqu’elle applique l’internationalisme, la classe ouvrière peut arrêter les guerres capitalistes et coloniales.
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