
Quatre mégabassines, ces retenues d’eau qui privatisent un bien commun dans une époque de dérèglement climatique et de sécheresse accrue, ont été vandalisées à coups de cutter ces derniers jours. Deux en Charente-Maritime avaient été déclarées illégales, mais restent utilisée par les agro-indusriels. Dans ce département, les cancers infantiles explosent. Deux autres ont été désarmées en Charente et en Vendée. «Ce sont des dégâts presque irréversibles» explique un exploitant à France 3.
Ces actions interviennent alors que la loi Duplomb sera votée dans les heures qui viennent au Parlement. Celle-ci a été écrite par et pour le lobby agro-industriel. Duplomb, c’est le nom du Sénateur LR qui a rédigé le texte. La loi est cyniquement intitulée «Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur». Elle avait été adoptée à l’unisson par les sénateurs macronistes, LR et RN en janvier dernier.
Cette loi Duplomb est un concentré de mesures écocidaires, visant à rendre service aux géants de l’agro-industrie et à tuer la paysannerie : soutien aux mégabassines, réautorisation des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, autorisation de drones pulvérisateurs de pesticides, facilitation d’implantation d’élevages intensifs, limitation du contrôle démocratique… Une galerie des horreurs qui va détruire les sols, tuer la biodiversité, empoisonner la population et ne bénéficier qu’aux gros exploitants.
Un mystérieux collectif baptisé DU PLOMB pour «Débâchages Unis Pour L’Obstruction aux Méga-Bassines» a diffusé un texte de revendication suite au sabotage. Le voici :
«Communiqué – Duplomb dans l’aile – 4 bassines de moins !
Dans les arrières salles du Parlement, certains projettent un futur catastrophique. La loi Duplomb qui légalise les manigances des lobbys est imposée sans débat en commission mixte paritaire : retour des néonicotinoïdes et levée des barrières pour les pesticides, carte blanche pour les ferme-usines et les méga-bassines…
De notre côté, face à ce qu’ils nous imposent de loin, nous préparons un autre avenir, là où nous vivons. C’est là que nous avons décidé d’apporter quelques réponses tranchées à la loi Duplomb.
Les habitant-es du Poitou qui tiennent à leurs terres et à leur ressource en eau savent qu’il est possible d’accéder aux bassines : plus d’une vingtaine a déjà été débâchée depuis 2021. Alors comme le veut la noble tradition du cutter picto-charentais, nous avons nous aussi découpé les bâches de 4 d’entre elles.
Nous avons ainsi mis hors d’état de nuire deux bassines, depuis longtemps illégales mais toujours utilisées, à Ferrières et Benon dans la plaine d’Aunis. Nous en avons ciblé deux autres : à Sainte Gemme la Plaine en Vendée et à Fouqueure en Charente.
Nous sommes tenu-es d’agir puisqu’ils ne veulent plus entendre les voix qui s’élèvent autrement. Dans la Plaine d’Aunis en Charente-maritime, le nombre de cancers infantiles liés au modèle bassines explose. En Vendée, les bassines accélèrent la dégradation des rivières. En Charente, des irrigants s’accaparent l’eau pour des cultures intensives de maïs, au détriment de leurs voisin-es et de la biodiversité.
Nous refusons de céder à l’abattement. Nous sommes résolu-es à mettre fin à l’impunité dont jouissent les accapareurs de terres et d’eau. Si la loi Duplomb cherche à ce point à sauver le système bassine c’est parce que celui-ci est déjà en train de s’effondrer. De nombreux projets sont déjà abandonnés ou à l’arrêt par décision de justice. Les coûts de réalisation et de sécurisation des chantiers ont explosé. Les bassines ne trouvent plus d’assureur. La petite minorité d’irrigants qui en profitent ont de moins en moins d’ami-es parmi leur voisin-es. Nous comptons bien pousser à l’abandon définitif de ces dispositifs.
La complicité de l’État avec le lobby agro-chimique pour promouvoir les méga-bassines est de plus en plus flagrante. Les banques, les pouvoirs publics et les spéculateurs s’accordent pour dicter la loi. Nous ne voulons plus assister impuissant-es aux ingérences au sein des instances locales de gestion de l’eau, au lobbying effréné des semenciers et producteurs de pesticides pour dissimuler leur méfaits ou à l’instrumentalisation de la colère agricole par les dirigeants de la FNSEA. En neutralisant ces 4 bassines, nous visons tout un système qui agit comme une mafia.
Il ne s’agit pas d’un acte isolé. Nous ajoutons nos incisions aux coups déjà portés par tant d’autres :
- celles et ceux qui, par leurs enquêtes, mettent à jour les rouages sordides de l’agro-industrie
- celles et ceux qui lancent des recours juridiques
- celles et ceux qui se battent au quotidien, en dépit des menaces, pour faire exister d’autres pratiques agricoles protectrices des terres et de l’eau.
- celles et ceux qui organisent des assemblées de bassin versant
- celles et ceux qui ont manifesté et manifesteront contre les bassines et la loi Duplomb
- celles et ceux qui sabotent ingénieusement
- celles et ceux qui s’apprêtent à empêcher le démarrage de chantiers de méga-bassines dans le bassin du Clain.
Tant qu’il y aura des projets de bassines, nous irons leur rendre visite. Nous avons des ami-es partout.»
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