Jeunesse au garde à vous : une journée militariste à partir de septembre

Un béret rouge, de dos, salue Emmanuel Macron, chef des armées

En Allemagne, le gouvernement débloque des sommes astronomiques pour son armée et réfléchit au rétablissement du service militaire obligatoire. Le Premier ministre polonais a annoncé la création d’un programme pour que «chaque homme soit formé en cas de guerre». Le président de la Lettonie réclame que tous les pays européens instaurent le service militaire obligatoire. En Belgique, gouvernée par une coalition de droite radicale, le gouvernement envisage un engagement volontaire d’un an afin de «pouvoir prêter main forte aux militaires professionnels en cas de besoin».

C’est aussi le rêve de Macron, qui vient d’annoncer une explosion du budget de l’armée française au détriment des dépenses sociales, qui vont subir des coupes massives. Le président se rêve en chef de guerre et veut mettre la jeunesse en uniforme depuis son élection. C’était le projet du Service National Universel, qui a fait flop faute de recrues et de budget.

Aujourd’hui, Macron revient en force, en modifiant la journée défense et citoyenneté (JDC), obligatoire pour tous les jeunes français. Jusqu’ici, c’était une journée pénible, mais sans plus. On attendait que les heures passent en faisant des quiz, en écoutant les éléments de langage de militaires proches de la retraite et en mangeant du poulet à la cantine.

À partir de septembre, c’est une JDC sous stéroïde qui sera imposée à toute la jeunesse, avec «une très claire coloration militaire» explique le journal Le Monde. Cette journée sera «transformée en une passerelle assumée vers le recrutement» au sein de l’armée.

Plus de quiz ennuyeux (dont le seul intérêt était de repérer l’illettrisme) mais un moment «immersif» où tous les jeunes français vont expérimenter la «journée type d’un soldat» : lever du drapeau français et Marseillaise, puis entraînement au tir sportif, jeux de stratégie, ration de combat d’un soldat, expérience des métiers militaires en réalité virtuelle… La guerre comme si vous y étiez, présentée comme un jeu à des millions de jeunes, pour mieux les faire rentrer dans l’armée.

«Le but, c’est d’être très explicite» explique un général à la presse, le tir sportif laser «soulignera les enjeux du port de l’arme et de son maniement», le jeu de rôle sera organisé «autour de scénario de crise et de guerre majeure» avec les «adversaires» de la France, comme les groupes djihadistes, la Russie, l’Iran, ou la Corée du Nord. Un bourrage de crâne pour installer un climat de guerre. Israël, en tant qu’État fasciste qui menace régulièrement la France de représailles, ou les USA, dont les services secrets ont espionné nos dirigeants et dont le président insulte régulièrement notre pays tout en menaçant d’annexer le Groenland, le Panama et le Mexique, ne sont pas présentés comme des «adversaires». Bizarre.

Les jeunes recevront aussi un «symbole de la mémoire envers les anciens combattants». Lesquels ? En France, les «anciens combattants» encore en vie sont généralement ceux qui ont tué et torturé en Algérie, en Indochine, au Cameroun, ou plus récemment qui ont participé aux attaques impérialistes en Afghanistan, Libye ou Afrique subsaharienne. Pas de quoi être fier.

Enfin, l’armée va mettre en ligne une plateforme baptisée Défense +, présentée comme une «sorte de média social» pour «maintenir le lien» avec les jeunes dans la durée. On imagine déjà les petites notifications militaires sur le smartphone, super sympa.

Le général Givre explique sans détour que «l’hypothèse d’un engagement majeur oblige à repenser notre modèle d’armée et le lien avec la société civile». Les militaires veulent donc séduire la population, et en particulier les jeunes. Il poursuit, encore plus inquiétant : «L’armée française doit anticiper une éventuelle confrontation avec une puissance militaire comme la Russie», et donc il faut recruter. «Cela oblige à se poser la question des risques d’attrition aussi bien en termes de matériels qu’en termes de ressource humaine», il faut «identifier à l’avance des viviers».

La guerre d’attrition, c’est le mot poli chez les militaires pour parler d’une guerre où le but est d’anéantir tous les soldats et le matériel de l’ennemi. En prévision d’un tel conflit, hautement mortel, il faut donc, selon ce général, augmenter le «vivier» à envoyer au front. On dirait qu’il parle d’un troupeau.

Avec Macron, la jeunesse doit être soit en garde à vue, quand elle manifeste pour ses droits, quand elle se révolte ou fait la fête, ou au garde à vous, c’est-à-dire en uniforme, obéissante en attendant d’aller mourir au combat. Deux horizons funestes, sauf si une révolution renverse la table.

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