Macron rêve de guerre, les ouvriers de Renault refusent de fabriquer des armes

Macron inspecte tout sourire des militaires en tenue de commando : il rêvent de guerre depuis longtemps.

Les vacances d’été ont démarré par les discours militaristes prononcés pendant le 14 juillet, la rentrée sera elle aussi vert-de-gris. Sur LCI le 17 août, Macron revient avec des accents guerriers : «Il faut regarder notre destin en face. La guerre est revenue (…) nous devons nous préparer, nous armer, être une Nation à la force morale qui ne mettra jamais un genou au sol» déclare-t-il l’œil brillant. «Ceux qui pensent qu’on peut être libre en étant faibles, sont ceux qui préparent la défaite de demain» poursuit-il, menaçant à demi-mot les idéalistes qui veulent éviter une troisième guerre mondiale.

Dans le même discours, Macron parle des «sacrifices qu’il y a derrière cette liberté» et d’un «monde de prédateurs». Bref, il continue à préparer les esprits à la guerre, à la militarisation de nos vies, à des dépenses toujours plus astronomiques pour les armes au détriment des services publics et à l’embrigadement de la jeunesse.

Et tout cela au nom, toujours selon Macron, de la défense d’un «pays libre, souverain, indépendant et fort». La France est pourtant un vassal des USA depuis de nombreuses années, comme en témoigne son alignement total sur la politique impériale des dirigeants nord-américains ou son soutien «inconditionnel» à Israël. Les services de renseignement des USA ont eu le culot d’espionner les communications des dirigeants français, et cela n’a provoqué aucune sanction. Trump piétine chaque jour l’Union Européenne, toujours aucune réponse. Même la sécurité de nos centrales nucléaires a été confiée à Amazon, firme US dirigée par un milliardaire trumpiste, et les conseillers du président viennent de Mc Kinsey. Si la France était «souveraine», elle quitterait l’OTAN, soutiendrait la Palestine, couperait ses partenariats économiques avec les USA et refuserait les diktats atlantistes. Il n’en est rien.

En parallèle, l’industrie française se convertit peu à peu à l’économie de guerre. On le sait, des centaines de milliards d’euros ont été débloqués pour produire des armes, et les fabricants de bombes s’en mettent plein les poches. Mais mêmes les usines «civiles» s’apprêtent à basculer dans la production militaire. L’entreprise automobile Renault a été contactée par le ministère des Armées pour consacrer une partie des lignes de production à la fabrication de drones militaires. Cette annonce est intervenue début juin, et fait réagir les travailleurs ces derniers jours.

«Beaucoup de salariés nous ont interpellés, ils ont signé pour fabriquer des voitures et pas des armes» explique un responsable du syndicat FO. «Certains veulent déjà savoir s’ils peuvent refuser une telle mission» précise un délégué de la CGT. Le syndicat se penche sur le sujet.

Face à ce début de fronde, la production militaire de Renault sera d’abord effectuée dans une usine basée en Slovénie, mais rien ne dit que d’autres usines automobiles basées en France ne seront pas concernées à l’avenir.

Le phénomène est international. En Allemagne, depuis juin 2023, 900 ouvriers ont été transférés de l’entreprise automobile Continental vers le géant de l’armement Rheinmettal, chargé de produire notamment de grandes quantités d’obus. En Belgique, des usines vont être converties à la production militaire. Le bourgmestre de Charleroi a contacté des industriels et le ministre de la Défense pour leur proposer l’ancien site d’une usine Caterpillar pour accueillir la fabrication d’armement, tels que des chars ou autres équipements militaires. Un site de la firme automobile Audi, près de Bruxelles, est aussi repéré pour être transformé en une ligne de production de véhicules légers blindés.

En cas de crise, les grands capitalistes se refont une santé économique grâce à la guerre. Peugeot, Renault et Citroën ont réalisé de grands profits pendant la Première guerre mondiale. En 1914, lorsque la guerre éclate, la firme Renault s’est lancée à plein régime dans la production de munitions, d’avions militaires et de tout nouveaux chars de combat. Cette entreprise avait apporté un soutien décisif à la boucherie mécanique et atroce qu’a été la guerre des tranchées. À la fin du conflit en 1918, Renault était devenu le premier fabricant privé de France. Son patron, Louis Renault, se rapproche alors de l’extrême droite dans les années 1930. Avant la seconde guerre mondiale, il rencontre Hitler par deux fois, prône «l’entente» franco-allemande, et transforme à nouveau ses chaînes de production automobiles en fabriques d’armes. À la Libération, Louis Renault est arrêté comme collaborateur et l’entreprise est nationalisée.

Concernant les récentes protestations syndicales chez Renault, le député LR Jean-Louis Thiériot s’indigne : «Fabriquer les armes de la France et de ses alliés est un devoir et un honneur. Honteuse opposition de la CGT et Force Ouvrière. Les mêmes, qui avaient saboté l’effort de guerre en 1939. Trahison !»

C’est faux historiquement : la guerre contre les nazis a été perdue à cause de la droite française et de l’Angleterre, qui ont tout fait pour éviter la confrontation avec l’Allemagne d’Hitler. Cette défaite est aussi et surtout due à l’incompétence totale des généraux français, en particulier le «généralissime» Gamelin, un abruti qui a laissé les nazis envahir la France. En mai 1940, les troupes allemandes ont rassemblé la plus grande force mécanisée du monde à la frontière belge, pensant envahir à toute vitesse et par surprise la France. Sauf que les Allemands étaient mal organisés, et qu’un embouteillage de 250 kilomètres de long s’est formé.

Contrairement à ce qu’on imagine, la France était quasiment aussi bien équipée que l’armée du Reich, qui aurait pu être taillée en pièce facilement, et le cours de l’histoire mondiale aurait été très différent. L’aviation française, qui avait repéré l’offensive imminente, avait informé Gamelin de cet embouteillage, mais ce dernier n’a pas réagi. La nullité de l’état major français, très conservateur voire d’extrême droite, était telle que certains soupçonnent une défaite volontaire, dans le but d’installer un régime de collaboration avec les nazis. Ce qui se réalisera avec la prise de pouvoir d’un autre militaire réactionnaire, Pétain.

Mais Jean-Louis Thiérot n’est pas seulement nul en histoire, il tient un discours va-t’en guerre très inquiétant : quiconque s’oppose à l’économie de guerre est déjà qualifié de «traître». Une attitude autoritaire qu’il faudra combattre dans les mois et années à venir.

AIDEZ CONTRE ATTAQUE

Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.

Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.