Bordeaux : action antimilitariste contre un salon du drone

La façade du salon du drone repeinte en rouge à Bordeaux.

Des clous devant les entrées, de la peinture rouge sur la façade du Palais des Congrès, des tags proclamant «Free Palestine» et dénonçant «Drones testés sur génocide». C’était le 15 octobre dernier à Bordeaux. La ville accueillait un salon baptisé UAV show, le salon européen du drone. Et comme l’explique le journal économique Les Échos : «Le salon UAV Show a pris une couleur kaki avec des technologies qui s’adaptent au monde de la défense». Le magasine observe : «Dans les allées, on croise désormais beaucoup d’uniformes».

En effet, une vingtaine de délégations étrangères étaient annoncées à Bordeaux les 15 et 16 octobre, et près de la moitié des entreprises exposantes sont désormais liées à l’industrie militaire. Il faut dire qu’il y a des profits à faire : un véritable tsunami d’argent public déferle désormais pour «réarmer» la France, et les fabricants de drones comptent bien prendre leur part du gâteau.

Le drone incarne le sommet de la lâcheté technologique. Il permet une mise à mort de masse toujours plus confortable pour les militaires. Prendre la vie sans combattre, voire sans être vu, frapper sans risque, calfeutré dans un centre opérationnel loin du front. Il est désormais partout, et permet de tuer à distance, avec une précision et une certitude extrême. La «cible» ne peut pas échapper à son sort et ne se rend parfois même pas compte qu’elle est visée. Le drone apporte à la guerre moderne le degré suprême de barbarie technologique. On l’a vu à Gaza, sur les champs de bataille en Ukraine, mais aussi dans le cadre de combats entre narcotrafiquants au Mexique, qui utilisent eux aussi des drones militaires pour conquérir de nouveaux terrains.

Le drone de guerre est une monstruosité de notre époque, et il est déjà en train de devenir autonome : des engins sans pilote, tuant en fonction d’algorithmes, de manière automatique, sans intervention humaine.

De la peinture rouge se déverse sur les marches menant au salon du drone à Bordeaux.

Ainsi, dans la nuit du 14 au 15 octobre à Bordeaux, un mystérieux collectif de «militant·es autonomes et révolté·es» a jeté de la peinture rouge sur l’ensemble des marches du palais accueillant le salon, et a tagué la façade. «Nous avons déversé des clous au niveau des entrées et repeint la façade du Palais des Congrès pour accueillir en bonne et due forme les professionnels du drone» explique le communiqué. «Nous nous opposons à la logique du complexe militaro-industriel colonial, à la propagande normalisant les guerres et ses technologies, aux transactions mortifères qui se déroulent sans doute derrière les portes de l’UAV show» poursuit le texte, qui dénonce le «réarmement global».

«Si nous n’habitons pas en zone de guerre, nous habitons bel et bien en Nouvelle Aquitaine, une région où les outils de la guerre sont produits», rappelle justement ce communiqué. En effet, la guerre repose sur des matériaux, des entreprises, des ingénieurs, des flux de transports… Sans l’un de ces petits rouages, aucun génocide n’est possible, aucun massacre ne peut avoir lieu, aucune armée ne peut fonctionner. La machine de guerre n’est pas une énorme structure abstraite impossible à atteindre : elle se fabrique près de chez nous, en lisière des villes, dans de petits bâtiments, et s’expose dans des salons au cœur des métropoles.

Selon les «autonomes révolté·es» de Bordeaux, c’est là qu’il faut viser : «Nous appelons à construire une résistance locale à la marche forcée de l’économie de guerre, de là où nous sommes».

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