Villa Montmorency : un nid de parasites en plein Paris


Comment les ultra-riches font sécession et préparent le fascisme ?


La Villa Montmorency, un "Jardin d'Eden" qui ressemble plutôt à un nid de parasites en plein Paris.

Vous avez sans doute entendu parler de la Villa Montmorency ces derniers jours : Louis Sarkozy, fils du président mafieux, y a organisé une manifestation de soutien à son papa. On a pu y voir le spectacle pathétique d’une foule de vieux bourgeois qui criait : «Les juges en prison !», «Honte à la justice !», «Libérez Nicolas, libérez notre otage» et dénonçait un «procès stalinien». Difficile de faire plus caricatural : une poignée de gérontes privilégiés en colère contre la condamnation d’un membre de leur caste, dans le quartier le plus riche du pays, le tout sous protection policière.

Un quartier fermé entre privilégiés

La Villa Montmorency, c’est cette enclave de bourgeois, symbole de leur séparatisme. Située dans le XVIème arrondissement de Paris, elle a été créée en 1853 par les frères Pereire, les fondateurs de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Saint-Germain. Elle compte une centaine de maisons plus extravagantes les unes que les autres. «Pas d’usines, de commerces, de bals et de femmes de mauvaise vie», tel était le cahier des charges de l’époque. Cachez cette misère que je ne saurais voir, c’est ainsi qu’on le traduirait aujourd’hui.

Il n’y a qu’une seule entrée à cette Villa bunkerisée : celle de la rue Poussin, gardée 24h/24 par une équipe de sécurité privée qui effectue des rondes. Chacune de ces résidences fait entre 150 et 1000m2, coûtant au minimum plusieurs millions d’euros. Pour se faire une idée : Céline Dion avait revendu la sienne 9 millions d’euros en 2017. Les riches s’y organisent entre eux, dans leur quartier privé, vivant au-dessus des lois et des règles. Les médias des milliardaires en sont béats d’admiration : ils parlent d’un «jardin d’Eden», d’un «petit coin de paradis». Pour les autres, c’est surtout le lieu où ils nous préparent l’enfer.

Un joyeux mélange de politiciens véreux, grands patrons capitalistes et stars du Show biz

Dans ce repère de parasites vivent les noms qui squattent les classements Challenges des plus grandes fortunes de France : Dassault, Lagardère, Bolloré (père ET enfants, ils ont à eux seuls 3 villas), Niel… Elle a aussi abrité des célébrités comme Isabelle Adjani, Johnny Hallyday ou Florent Pagny. C’est aussi un nid à exilés fiscaux, de toute évidence, et de repris de justice : quelques semaines avant l’incarcération de Nicolas Sarkozy, le Journal de la Maison publiait un article sur cette «charmante maison de campagne» acquise par l’ex président multirécidiviste en 2012. Le Journal s’extasiait sur «ce véritable hôtel particulier [qui] conjugue élégance parisienne et intimité rare».

Carla Bruni s’enthousiasmait dans un article du Parisien : «C’est un endroit magique». Une magie accessible uniquement pour les ultra riches, qui sert à faire rêver les pauvres. Être un malfrat comme Nicolas Sarkozy, ça rapporte. On comprend que ses 9 mètres carrés de cellule à la Santé puissent lui paraître étriqués. C’est donc à la Villa Montmorency qu’a eu lieu la manifestation de sarkozystes radicalisés. Sarkozy junior avait publié sur son compte X un appel et une vidéo glorifiant le condamné. Certainement la seule manifestation que la Villa ait connu depuis sa création.

Un symbole de la collusion totale entre la sphère politique et les grands patrons qui préparent le fascisme

Le journal La Tribune publiait le 19 octobre un article révélant une rencontre entre la leader frontiste Marine Le Pen et le milliardaire néofasciste Vincent Bolloré lundi 13 octobre. Le lieu de cette rencontre ? La Villa Montmorency bien sûr. Autre invité de l’événement, François Durvye, le bras-droit d’un autre milliardaire qui a mis sa fortune au service de l’extrême-droite : Pierre-Édouard Stérin.

Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin poursuivent le même but : faire gagner l’extrême-droite. Ils ont tous deux mis leur fortune au service de cet objectif. Vincent Bolloré est à la tête d’un immense complexe médiatique, il est le chef d’orchestre de campagnes d’intoxication majeures. Il rachète médias et chaînes de télé (le journal du dimanche, CNEWS, Europe 1, Canal +, Voici…), maisons d’éditions (Fayard, Hatier, Le Livre de poche…), salles de spectacle (L’Olympia), entreprises de communication (Havas) mais aussi les boutiques Relay présentes dans toutes les gares, et à présent le groupe de cinémas UGC, dans le but avoué de diffuser ses idées nauséabondes et de faire basculer la France dans le fascisme.

Avec ce maillage très serré, c’est une véritable hégémonie des idées réactionnaires dans toutes les productions culturelles qui est en marche. Pierre-Édouard Stérin, lui, est un milliardaire intégriste, libertarien et exilé fiscal en Belgique. Proche de la Manif pour tous et des mouvements anti-IVG, Stérin a lancé une croisade pour «permettre la victoire idéologique, électorale et politique» de l’extrême droite, mais aussi «servir et sauver la France et lutter contre les ‘maux principaux’ que sont selon lui le socialisme, le wokisme, l’islamisme, et l’immigration». Vaste programme.

Vincent Bolloré et Marine Le Pen sont longtemps restés assez distants l’un de l’autre : la ligne de cette dernière, pas assez «pro-business», trop protectionniste, ne convenait qu’à moitié au néofasciste breton. À cet égard, il est plus proche de Jordan Bardella, dont la ligne lui parle plus, et qu’il avait reçu au printemps 2024 à la Villa Montmorency. À la sortie de son «livre», il avait notamment déployé des moyens colossaux pour promouvoir ce médiocre objet via sa maison d’édition Fayard.

Mais ce que souhaite surtout Bolloré, c’est «l’union des droites», autrement dit fusionner Les Républicains, le mouvement de Zemmour et le Rassemblement National. C’est également le projet de Pierre-Édouard Stérin. Ainsi, la Villa Montmorency est le siège de tractations entre le RN et les milliardaires néofascistes. Le symbole est fort.

Cette Villa est pourtant fort peu chahutée lors des mouvements sociaux. En effet, elle passe souvent sous les radars, les médias des milliardaires n’ayant aucun intérêt à la médiatiser. Tout de même, le 1er mai dernier, Extinction Rebellion était allé leur rendre visite. Une trentaine de militants et militantes s’était introduit dans le nid, et avait aspergé les richissimes habitations de peinture. En 2020, un petit groupe de manifestants s’y était introduit. Mais ça s’arrête là.


Si d’aventure vous aviez des envies de guillotine, n’oubliez donc pas cette adresse : la Villa Montmorency, 12 rue Poussin à Paris. Ce n’est qu’à quelques arrêts de métro de n’importe quel point de la capitale…


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