«Vivre à la rue tue. Ces morts précoces ne sont pas une fatalité mais le reflet des inégalités sociales et territoriales face au logement et à la santé».

En juillet 2017, face au nombre de sans-abris, le Président nouvellement élu Emmanuel Macron déclarait qu’il ne voulait voir «plus personne dans les rues d’ici à la fin de l’année» et que sa première bataille serait de «loger tout le monde dignement». Huit ans plus tard, il n’y a jamais eu autant de sans-abris, et jamais autant de morts dans la rue.
Le Collectif «Les morts de la rue» a fait le décompte dans son 13e rapport annuel, intitulé «Dénombrer et décrire» : 912 personnes sont décédées en France en 2024 dans la rue. Un chiffre en augmentation de 16% depuis 2023. C’est le pire bilan jamais enregistré par le collectif. En 2012, année du premier rapport, 413 décès avaient été comptabilisés. Ce chiffre a donc plus que doublé. Sans compter que le collectif précise ne pas être exhaustif, «nombre de décès échappent encore à notre surveillance de la mortalité des personnes sans chez-soi. Celles-ci ne disparaissent pas seulement des statistiques, elles s’effacent des mémoires, des politiques publiques, et trop souvent, de notre humanité collective».
Le rapport ne fait pas que compter ces décès, mais pousse l’analyse notamment sur les parcours de vie de ces personnes, des comparaisons milieu urbain / milieu rural ou des causes de la mort. L’âge moyen des décès est de 47,7 ans, ce qui correspond à 32 ans de moins par rapport à la population générale (79,8 ans). Ce sont majoritairement des hommes qui meurent dans la rue (82%) mais de plus en plus de femmes sont aussi victimes (13%). 4% avaient moins de 15 ans, c’est deux fois plus qu’entre 2012 et 2023.
«Faire du logement une priorité de l’action publique française est une nécessité pressante et un investissement nécessaire pour la cohésion sociale et la résilience collective» explique le rapport. 71% de ces personnes étaient à la rue depuis plus de 5 ans, 30% depuis plus de 10 ans. «Cette installation dans la durée témoigne de l’échec des dispositifs de sortie de rue et de l’accumulation des vulnérabilités au fil du temps» rappelle le programme.
Le nombre de morts à la rue augmente, celui des personnes à la rue aussi. Ils et elles étaient 350.000 en 2024, contre 330.000 en 2023. Alors que dans le même temps, il n’y a jamais eu autant de logements vides. Rien qu’à Paris, un logement sur 5 est un logement inoccupé, soit 128.000 logements en 2020. En France, il y a plus de 3 millions de logements vides. Fin 2022, le nombre de ménages en attente d’un logement social a atteint 2,42 millions, un niveau qui n’avait jamais été aussi élevé.
Qu’a fait le gouvernement pour régler le problème ? Il a facilité les expulsions.
On se souvient qu’en février 2019, Macron organisait une mise en scène obscène où il suivait une «maraude» d’association pour aller parler à des personnes sans domicile survivant dans des tentes en pleine rue. Le tout photographié par le service presse de l’Élysée. En 2023, le même Macron a fait passer une loi dite «anti-squat», qui a renforcé les sanctions envers les personnes sans abris. Cette loi écrite par le député macroniste Kasbarian, qui soutient désormais Donald Trump et Javier Milei, a mis en place une batterie de mesures contre le droit au logement. Elle a élargi les droits des propriétaires et facilité les expulsions tout en renforçant les sanctions pénales pour les occupant-es. Elle vise à accélérer les procédures d’expulsion en généralisant des expulsions expéditives conduites par le préfet et la police. Résultat : en 2024, 24.556 expulsions ont eu lieu, soit 29% de plus qu’en 2023. Comment s’étonner que le nombre de morts à la rue explose ?
Ces morts de la rue ne sont pas des drames inévitables, ils sont la conséquence directe de politiques publiques qui sont faites dans l’intérêt exclusif des multipropriétaires. Un quart des ménages possède plus de 70% des logements.
Le système est criminel. La précarité et le mal logement sont des choix politiques.
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