17 Novembre en Normandie : action surprise contre l’agro-industrie


«Convergeons sur les sites de production de pesticides»


Une action coup de poing a lieu ce lundi 17 novembre à l’aube, en Normandie. À Saint Aubin lès Elbeuf, une usine de production de pesticides appartenant au géant allemand de la chimie BASF a été mise à l’arrêt par plus de 500 paysannes et paysans, et des collectifs de victimes de l’agro-industrie.

Le blocage, réalisé par surprise, a été organisé conjointement par la Confédération Paysanne, le collectif de Soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, Cancer Colère qui réuni des malades empoisonné·es par l’agro-industrie, les Faucheurs Volontaires et les Soulèvements de la Terre. Il fait suite à la pétition contre la Loi Duplomb, signée par plus de 2 millions de personnes l’été dernier, et royalement ignorée par le pouvoir en place.

Dans un communiqué, les organisations dénoncent cette usine comme étant un lieu qui «incarne les dérives et l’impunité persistantes de l’industrie criminelle des pesticides : fabrication de substances hautement toxiques interdites en Europe, rejets massifs de polluants éternels dans la Seine, augmentation des cas de cancers chez les riverain·es, et lobbying brutal pour imposer un modèle agricole qui empoisonne les sols et les travailleurs et travailleuses de la terre». En effet, ce seul site BASF produit plus de 1500 tonnes de pesticides par an et rejette régulièrement dans la Seine des substances classées parmi les «polluants éternel», en toute impunité.

Les centaines de personnes présentes ont bloqué les entrées avec des tracteurs, sont entrées dans l’enceinte de l’usine et ont interrompu la production. Elles ont aussi organisé «une inspection des stocks afin de récupérer des preuves supplémentaires de la fabrication et du stockage de pesticides interdits, notamment à base de Fipronil, exportés ensuite au Brésil». Et en effet, en toute illégalité, de nombreuses usines agro-chimiques stockent en France des produits toxiques destinés à un usage dans d’autres pays.

Le cortège, composé de «paysannes et paysans, victimes des pesticides, parents de victimes, riverains d’épandages de pesticides et de captages d’eau intoxiqués, scientifiques» explique accumuler «tout au long de l’année les dossiers de reconnaissance de maladies professionnelles, les recours juridiques, les marches blanches sur nos territoires, les enquêtes de terrain et les soins au chevet de celles et ceux dont le corps a été contaminé», sans être entendu.

Ce modèle agro-industriel dépendant de produits chimiques ne se contente pas d’empoisonner la population, il alimente un système qui détruit les sols, met en concurrence les agriculteurs et tue la paysannerie. Il éradique aussi les pollinisateurs et les oiseaux et provoque une explosion du nombre de cancers pédiatriques, de maladies neurodégénératives et troubles hormonaux chez les humains.

Le communiqué souligne enfin le cynisme de BASF, qui vend à la fois des produits toxiques et des traitements contre le cancer «qui lui offrent plus de 65 milliards d’euros de chiffre d’affaire par an». La même multinationale diffuse ainsi le poison et son antidote pour faire de l’argent.

Cette action réussie vise à exiger un changement des politiques agricoles, un revenu digne pour le monde paysans, l’interdiction des substances cancérigènes et des réparations pour les victimes de ces produits toxiques. Elle n’est ni la première, ni la dernière. Le 27 juin dernier, dans le Maine-et-Loire, des paysan·nes, des habitant·es, parents, proches de victimes de pesticides, avaient bloqué un site de production de l’entreprise Phyteurop avec des engins agricoles et déployé une grande banderole «Tueurs de paysans». Des manifestant·es étaient parti·es faire une inspection des stocks. Quelques jours plus tôt, une autre «inspection citoyenne» organisée par des faucheurs volontaires avait eu lieu sur un site BASF près de Lyon et avait révélé la présence de stocks de Fastac, un pesticide interdit depuis 2020 dans toute l’Union Européenne.

En France, 99,8% des personnes sont contaminées par du glyphosate, un tiers des cours d’eau sont pollués par des pesticides, et notre pays est le champion d’Europe des pesticides. Puisque les autorités sont soumises au lobby des empoisonneurs et nous emmènent dans le mur, seules les luttes peuvent s’opposer à l’empoisonnement de masse. La coalition mobilisée ce lundi en Normandie appelle «à converger sur les autres sites de production de pesticides et à interpeler les institutions complices de ce modèle destructeur et meurtrier».


Photos : Les Soulèvements de la Terre

Plus d’infos et suivi de la mobilisation sur leur site internet

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