
2L, c’est le blaze d’une rapeuse de 22 ans du 20ème arrondissement de Paris, qui appartient à cette génération pour qui le rap est un outil de résistance, pas un simple divertissement. Féministe engagée, elle utilise sa musique comme une arme politique. Elle assume un positionnement radical dans ses textes, ses tenues et ses choix scénographiques, dans une industrie qui reste encore aujourd’hui marquée par la misogynie et ses logiques capitalistes.
T-shirts en soutien à la Palestine ou à la Kanaky, prises de positions en interview – chez nos camarades de Cerveaux non disponibles notamment –, esthétique militante… 2L refuse d’adapter son discours pour rentrer dans les cases de l’industrie musicale.
Avec une formation musicale «classique», joueuse de violon, l’écriture de 2L est particulièrement rigoureuse. Cette technique la démarque des autres et devient pour elle un moyen de s’émanciper et de résister aux règles imposées dans ce milieu. 2L dit par exemple «J’essaie de parler de trucs qui m’importent… mais d’un point de vue de meuf. Ça existe trop peu dans le rap». Elle participe au renouveau du rap féminin en revendiquant un discours de femme dans un espace historiquement masculin.
Pour 2L le rap doit «corriger, répondre, retourner la parole». Elle n’a débuté sa carrière que récemment, en participant à des open mic’, soutenue notamment par la Scred Connexion, groupe mythique proposant un rap antifasciste et engagé, ce qui l’inscrit dans une tradition contestataire. Elle participe également à des concours, des festivals et a fait la première partie de Souffrance à L’Olympia cette année.
2L est ensuite candidate à la saison 4 de Nouvelle École sur Netlfix. Sa participation devient pour elle un terrain de lutte. Elle n’adapte pas son discours, au contraire elle transforme l’émission en tribune politique. Elle glisse dans ses textes des critiques sociales et institutionnelles. Dans son titre Respire : «Moi présidente, on fait sauter les ministères», «Même dans la misère j’ai que la vie comme chef».
Pour la finale elle choisit une scénographie militante sur un morceau affirmant «Je suis jamais un bon soldat», avec des black blocs sur scène, k-ways, masques, drapeaux noirs, une banderole de manifestation «Jamais un bon soldat».

2L revendique l’idée d’utiliser la visibilité d’une plateforme mainstream pour montrer un autre imaginaire politique au public. Elle se sert de ce tremplins médiatique pour y attaquer les hiérarchies, rejeter l’obéissance et y oppose une posture de refus dans un environnement compétitif. Elle avance donc sans se censurer dans une émission de télé-réalité qui aurait pour objectif de transformer les artistes en produit culturel.
Elle fonde par ailleurs «Le Secteur», un collectif de rap en autoproduction, loin des labels et des impératifs commerciaux. 2L rejette ouvertement le modèle capitaliste dominant le rap, elle veut changer les paradigmes de ce milieu, pas servir la rentabilité.
2L n’est pas la seule, d’autres jeunes artistes, notamment Youssef Swatt’s, gagnant de la saison 3 de Nouvelle École qui a embarqué à bord d’un bateau de Flottille pour Gaza, mais aussi l’autre finaliste TRZ optant pour une scénographie engagée avec des figurants Kurdes, sous kéfiés… Ces artistes se saisissent pleinement de l’espace médiatique qui leur est offert pour y injecter leurs revendications. 2L fait partie de cette vague qui remet au centre du rap des discours anticapitalistes, anticolonialistes et féministes, et redonne de l’oxygène à un mouvement qui n’a jamais eu autant d’auditeurs et d’auditrices, mais qui s’est aussi très majoritairement converti à l’imaginaire de l’ennemi.
Son art devient un outil de lutte, un relais de revendications et de colère, mais aussi un espace d’espoir pour celles et ceux qui refusent la résignation. Pour 2L la révolution n’est pas qu’une image, c’est un horizon artistique.
À retrouver sur instagram : @2zele_ls
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