Free party : les gendarmes ouvrent le feu sur la fête libre


Le week-end dernier se déroulait à Carhaix la 30ème édition des Trans Off, une fête annuelle qui se déroule en marge des Trans Musicales.


Un stock de grenades utilisée contre la free party de Carhaix le week-end dernier.

Rassemblé·es dans un vaste site industriel désaffecté, plus de 3000 teufeurs et teufeuses ont eu le plaisir de taper du pied autour de trois murs de son. Commencée dans la nuit du vendredi au samedi, la scénographie magistrale donnait à voir un spectacle éblouissant, offrant une rare accalmie dans un pays où faire la fête est de plus en plus criminalisé. Un panneau lumineux affichait par ailleurs «BHV SHAME» en référence au magasin de luxe parisien qui a cru bon d’ouvrir un espace dédié à la marque Shein, récemment épinglée pour avoir proposé des poupées pédopornographiques sur son catalogue.

Sur l’ensemble du week-end, c’est le chiffre faramineux de 1565 amendes qui ont été dressées à la chaîne, illustrant la féroce répression financière qui s’abat sur toute une culture. Alors même que la fête s’est globalement déroulée dans le calme, la situation s’est tendue le dimanche soir après 20h, alors que plusieurs centaines de personnes étaient encore présentes sur site. Ce sont ainsi des tirs de LBD et de lacrymogènes qui ont clôturé le week-end festif.

Alors que les dernier·es fêtard·es quittaient le site, des gendarmes auraient ouvert le feu sur des participants quittant les lieux. Âgés de 37 et 29 ans, les deux teufeurs visés par les tirs portent plainte pour tentative de meurtre et violences par personnes dépositaires de l’autorité publique. Photo des impacts de balle sur leur véhicule à l’appui, les victimes dénoncent des tirs «sans sommation», ainsi que plusieurs dizaines de coups de matraque sur le conducteur dont la vitre aurait été brisée. Traîné hors de son camion puis déshabillé à même le macadam, le teufeur est finalement placé en garde à vue. Pour rappel, toute fouille corporelle est légalement tenue de «respecter la dignité humaine» et doit être pratiquée dans un endroit clos respectant l’intimité.

Une répression croissante et systématique

Quelques semaines plus tôt, c’est carrément un hélicoptère qui survolait la Quadranniversaire, une fête libre nichée sur la commune de Drefféac.

C’est en début d’après-midi que les hostilités commencent réellement : plusieurs agriculteurs au volant d’engins de chantier, accompagnés de gendarmes sécurisant leur progression, ont labouré les deux seuls accès au site “pour empêcher les fêtards de partir”, transformant en marécages les seuls potentiels accès pour les véhicules de secours, et manquant de peu d’écraser plusieurs participants·es. Une intervention inconsidérée de la gendarmerie à la tombée de la nuit s’est soldée par de nouveaux tirs de LBD, ainsi que de grenades GENL de désencerclement, conduisant à une hospitalisation.

Voulant s’inspirer du modèle italien – où une législation très dure criminalise les organisateur·ices de free party de 3 ans de prison – le gouvernement n’a de cesse de déployer un arsenal législatif et réglementaire pour réprimer les fêtes. Multiplication d’arrêtés préfectoraux, déploiement policier hors-normes et amendes en série rythment désormais la vie des adeptes de la fête libre.


La joie et la bonne humeur ne semblent définitivement pas à l’agenda du gouvernement.


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