Désarmements en série en France


La période n’est pas si calme qu’on l’imagine et, partout, des luttes et actions directes ont lieu, parfois sous les radars des grands médias. Quatre désarmements ont eu lieu ces derniers jours dans le pays.


Une gendarmerie incendiée en haut, un élevage industriel cassé au milieu, et l'entrée d'un dépôt pétrolier de Bolloré en bas : des sites qui ont connu des désarmements en série ces derniers jours.

Une gendarmerie part en fumée en Vendée

Dans sa fuite en avant sécuritaire, le gouvernement l’avait promis : 200 nouvelles brigades de gendarmeries devaient êtres créées sur le territoire national, et en particulier dans les petites communes. Dans un pays où les bureaux de poste et les gares ferment en zones rurales, où il manque des médecins et des écoles, l’objectif paraissait aussi absurde qu’indécent.

En Vendée, la commune de Bois-de-Céné a bien obéi aux consignes et a dépensé 400.000 euros pour transformer une ancienne maison en caserne de gendarmerie. Le local de 160 mètres carrés était flambant neuf, les travaux venaient de se terminer, 10 gendarmes devaient intégrer les nouveaux locaux. Mais le samedi 22 février, cette gendarmerie a été entièrement incendiée. La police estime qu’il s’agit d’un acte volontaire.

L’agro-alimentaire pris pour cible en Bretagne

Connaissez-vous le collectif Frites ? Il a la patate, et enchaîne les actions en Bretagne. Frites, pour «Forces Révolutionnaires Intergalactiques et Territoriales En Sauce».

Le 28 janvier, il a revendiqué l’attaque du siège social d’une coopérative d’éleveurs de porcs à Plouédern, dans le Finistère. Il s’agit de la firme Eve’l Up, qui compte déjà 12.000 porcs et dont l’agrandissement a provoqué l’opposition des riverains et des recours en justice. Un entreprise qui contribue au problème de l’élevage intensif qui pollue le littoral breton.

L’attaque a eu lieu aux environs de 4h du matin dans ce bâtiment de 1.800m². Des «activistes» auraient «fracturé des vitrages», puis introduit des «engins incendiaires dans le bâtiment principal» disent les autorités. La presse parle de centaines de milliers d’euros de dégâts. Dans un communiqué, Frites accuse l’entreprise porcine d’aller «à l’encontre des intérêts du monde paysan» et dénonce son patron, qualifié «d’engraisseur de paraît-il bientôt 26.000 porcs par an. La question que l’on pose : qui engraisse qui ?»

Un mois plus tard, le 25 février, c’est le siège social de l’entreprise d’Eureden, toujours dans le Finistère, qui était visée par le collectif Frites. «Nous avons été victimes d’une tentative d’intrusion avec un départ de feu» déplore Eureden. Il s’agit d’un géant de l’agro-alimentaire breton, réalisant 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaire et possédant les marques d’Aucy, Paysan Breton ou encore Magasin Vert. Eureden distribue à la fois de l’alimentation mais aussi des produits phytosanitaires.

Un nouveau message sarcastique a été diffusé : «La soirée frites précédente nous a beaucoup inspirées, agrémentée de sa sauce, elle fut savoureuse pour tous ceux ayant subi la malveillance des industriels qui ne veulent nous fournir que des patates chaudes… C’est pour ça que cette nuit, à Quimperlé, les Frites viennent ajouter du goût à Eureden avec leur fameuse sauce piment. Hé oui, la deuxième cuisson, ça pique !»

Le président de la région Bretagne est très en colère : «Ces actes sont inacceptables : dangereux, criminels et indignes ! (…) L’autonomie alimentaire de notre pays est un enjeu trop sérieux pour être pris à la légère».

Un dépôt pétrolier de Bolloré désarmé à Strasbourg

Dimanche 23 février, une nouvelle action a visé l’empire Bolloré, quelques semaines après la grande vague d’actions nationale qui visait à désarmer les entreprises du milliardaire d’extrême droite. À Strasbourg, l’enceinte d’un dépôt pétrolier de Bolloré Energy a été désarmée.

Le site Seveso a été envahi par «une dizaine de personnes» au petit matin, et «des dégradations ont été commises sur plusieurs camions citerne et le robinet d’une cuve». Des «vitres ont aussi été cassées, et des câbles et des systèmes arrachés» relate la presse locale. Aucune interpellation n’a eu lieu. Cette action vise à la fois le capitalisme fossile, qui provoque l’emballement du climat, et les intérêts d’un ultra-riche qui fascise la société.

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