Banzeiro Òkòtó : s’amazoniser pour vivre


Dans l’ouvrage «Banzeiro Òkòtó : Amazonie le centre du monde», la journaliste brésilienne Eliane Brum nous invite à devenir forêt, à nous «amazoniser», nous et le monde, pour libérer l’avenir.


Sur le fleuve Amazone, un indigène conduit une pirogue pour illustrer une citation du livre Banzeiro Òkòtó.

Le titre porte en lui-même une partie de l’histoire du Brésil : «Banzeiro» est le mot utilisé par les peuples d’Amazonie pour désigner l’endroit où la rivière se transforme en vortex. «Òkòtó» vient de la langue yoruba, parlée en Afrique de l’Ouest, et par de nombreux esclaves déportés au Brésil, dont une large partie de la population brésilienne est descendante. Le mot désigne une coquille qui s’enroule vers l’infini.

Dans son récit, l’autrice aborde le sujet du Blancocentrisme à travers lequel nous appréhendons la nature, les femmes et leur corps, les enfants, les animaux etc. Elle nous raconte les histoires de vies de celles et ceux qui sont continuellement chassés depuis des siècles, chassés par les colons, les industriels, les gouvernants et qui malgré cela continuent à se battre. Ce livre est une invitation à décentrer notre regard, et à apprendre de ces populations qui ont connus plusieurs fois la fin du monde.


Voici quelques citations qui vous donnerons sans doute envie de lire ce livre :


«Le blancocentrisme dénoncé par le penseur Yanomami [ndlr : Davi Kopenawa Yanomami, porte-parole d’une communauté indigène d’Amazonie] induit l’idée fausse, partagée même par des universitaires respectés, que l’Amazonie est une sorte de ‘vierge’».

«Une partie de l’Amazonie est une forêt culturelle, ce qui signifie qu’elle a été sculptée pendant des milliers d’années principalement par les humain・e・s, mais aussi par les non-humain・e・s, que nous appelons animaux, dans leur interaction avec l’environnement».

«Les blancs ont la fâcheuse obsession de croire que toutes les histoires commencent par leur arrivée. C’est en général l’inverse qui se produit, les histoires se terminent sous leurs bottes, leurs armes et leurs tronçonneuses».

«Je ne souhaite pas la catastrophe et je me bats contre elle. Je sais cependant que je peux lui survivre. Peut-être pas en tant qu’individu, mais, et c’est plus important, collectivement. Je deviens moi aussi femme de la vie féroce».

«La trame de ce livre, qui est aussi une invitation à amazoniser le monde, bien au-delà du territoire géographique de l’Amazonie, comporte une proposition explicite : il est temps […] d’écouter […]. Écouter, non par condescendance ou par compassion, mais par ultime instinct de survie. Et peut être que si nous avons de la chance, ceux dont la vie a été tant de fois détruite par ceux qui se disent civilisés accepteront de nous apprendre à vivre après la fin du monde».


« Banzeiro Òkòtó : Amazonie le centre du monde », par Eliane Brum aux éditions du sous-sol – 400 pages, 24,50€.

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