Paris et Londres : déchaînement répressif contre les mobilisations pour la Palestine


522 arrestations à dans la capitale anglaise, un campement évacué par la police à Paris


En haut : un homme âgé portant un keffieh est arrêté par la police à Londres.
En bas : La BRAV évacue un camp en soutien à la Palestine à Paris.

Alors que la famine fait rage à Gaza, que Netanyahou confirme ouvertement son plan pour prendre le contrôle de l’intégralité de la bande de Gaza, qu’Israël vient d’assassiner cinq journalistes d’Al Jazeera, on continue en Europe de criminaliser celles et ceux qui défendent la Palestine contre l’entité génocidaire israélienne.

En Angleterre, pas moins de 522 militant-es ont été interpellé-es samedi 9 août dans les rues de Londres, pour leur soutien au collectif Palestine Action. Il s’agit du triste record du nombre d’arrestations en une seule manifestation. En effet, le samedi 5 juillet dernier entrait en vigueur une mesure répressive prise par le gouvernement britannique : le mouvement Palestine Action était officiellement classé comme «organisation terroriste».

Créé il y a 5 ans, il s’agit d’un collectif de désobéissance civile qui prône l’action directe contre des entreprises et des institutions complices de l’apartheid, l’occupation, la colonisation et le génocide en Palestine. Ses activistes ont notamment pénétré la base aérienne militaire de Brize Norton le 20 juin dernier. Deux avions militaires avaient été recouverts de peinture rouge, et des actions de désarmement réalisées.

La police anglaise a précisé arrêter tout personne munie d’une pancarte “Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action”, “Agir contre le génocide n’est pas un crime » ou « Free Palestine ». On comprend qu’au-delà d’un groupe en particulier, le gouvernement souhaite surtout silencier et criminaliser tous les soutiens à la Palestine. “C’est un impératif moral d’être ici” déclarait à l’AFP l’une des personnes dans la rue. Une centaine de personnes interpellées était âgée de plus de 70 ans, une quinzaine de plus de 80 ans, et l’une d’elles était venue spécialement de Bristol, affirmant “’ils veulent m’arrêter, je ne m’enfuirai pas et je ne me cacherai pas”.

“Nous continuerons tant que le gouvernement tentera de faire taire ceux qui dénoncent sa complicité dans des crimes de guerre” a expliqué l’organisation Defend our Juries. Amnesty International a rappelé sur X que “l’arrestation de manifestants par ailleurs pacifiques constitue une violation des obligations internationales du Royaume-Uni de protéger les droits à la liberté d’expression et de réunion”. Jusqu’où le gouvernement anglais sera-t-il prêt à aller pour défendre le génocide commis par Israël ?

Dimanche 10 août, c’est à Paris que la répression s’est abattue. Des dizaines de CRS et des unités de la BRAV-M ont débarqué place de la Bastille au matin pour évacuer un campement qui avait été installé le 8 août, afin d’exiger “l’ouverture de points de passage de l’aide humanitaire, la fin du siège, des sanctions contre Israël et ses complices”. Les forces de l’ordre n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’à chaque occupation de place à Paris, c’est la même réponse autoritaire qui est déclenchée.

La veille, la police avait procédé à l’interpellation de Sarah Katz, militante juive de l’UJFP et d’ISM (International Solidarity Movement). Militante courageuse et infatigable, elle était sur la flottille de la liberté lors de l’expédition de 2018, et le gouvernement n’avait pas levé le petit doigt pour exiger sa libération après sa capture par l’entité génocidaire israélienne. À présent, elle est arrêtée pour avoir occupé une place.

Alors que Macron et ses proches instrumentalisent la question de l’antisémitisme pour faire taire les voix pro-palestinennes, la police réprime des militants et militantes juifs et juives pour la paix. L’inversion des valeurs est totale. En juin 2024, le directeur de publication du site de l’UJFP était convoqué pour apologie du terrorisme. L’organisation soulignait alors : «C’est la première fois qu’une association juive, qui combat le racisme sous toutes ses formes et qui œuvre pour une paix juste et pour l’égalité des droits en Israël-Palestine est visée ».

À Strasbourg le 13 octobre 2023, Jean-Claude, militant juif pour la paix âgé de 79 ans au moment des faits ans, avait été embarqué pour avoir été présent dans l’espace public lors d’une manifestation pour la Palestine. Perrine, soixantenaire et autre militante de l’UJFP, également porte-parole du Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine, avait passé 48h en garde à vue, avant d’être convoquée pour un procès. Non seulement la répression frappe les personnes juives anti-sionistes, mais aucun grand média ne leur donne jamais la parole. Cette censure a pour but d’assimiler les crimes de Netanyahou au judaïsme, faire croire qu’il n’y a pas de voix discordantes, et tout cela alimente l’antisémitisme.

Une fois de plus, l’hypocrisie de Macron et du gouvernement britannique éclate au grand jour. D’une main, ils parlent de «reconnaître» l’État de Palestine et font mine de «condamner» les crimes à Gaza sans jamais prendre de mesure concrète, de l’autre ils criminalisent celles et ceux qui luttent réellement. Mais personne n’est dupe, et personne n’oublie.

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