La mort de Rémi Fraisse fin octobre avait (enfin) ouvert une fenêtre de luttes et de débats sur les violences policières et l’impunité des forces de l’ordre.
Il avait fallu ce décès, un de plus sur une longue liste, pour briser temporairement la terrible omerta française sur la police. Fin décembre avait aussi commencé à se répandre ce qui semble être un gigantesque mensonge policier : la mort par balle de Bertrand Nzohabonayo (accusé de terrorisme) devant le commissariat de Joué-lès-Tours.
Cette fenêtre est désormais fermée. Et de quelle manière !
Les attentats du début du mois de janvier ouvrent désormais la voie vers un déferlement répressif de grande ampleur. Alors qu’une fois encore avec l’attaque de Charlie Hebdo, la police française a montré sa bêtise et son incompétence en demandant la levée de la protection du journal et en laissant des frères Kouachi préparer leurs crimes, elle est acclamée, applaudie, soutenue sans faille par des marées humaines réagissant sous l’effet du choc.
Oubliés les morts en garde à vue, les mutilations, les “crises cardiaques” dans les fourgons de police …
Aujourd’hui un nouveau sondage aux questions éhontément orientées parait dans Le Monde. Il va permettre de lancer une batterie de mesures liberticides et prétendues sécuritaires.
«Dans l’éternel débat entre partisans de la sécurité et défenseurs des libertés, la balance penche nettement en faveur des premiers. À la suite des attentats, une écrasante majorité des Français est favorable à la mise en œuvre de différentes mesures qui leur sont suggérées «pour lutter contre l’extrémisme religieux». Y compris celles qui empiéteraient nettement sur les libertés individuelles. «Généraliser les écoutes téléphoniques sans accord préalable d’un magistrat» ? 71% des personnes interrogées y sont favorables. «Pouvoir perquisitionner des domiciles sans accord préalable d’un magistrat» ? 67% approuvent. «Pouvoir mener des interrogatoires de suspects sans l’assistance d’un avocat» ? D’accord à 61%.»