«Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres»
Antonio Gramsci
Comment trouver les mots après le drame inimaginable d’hier ? À Nantes Révoltée, on se méfie des réactions à chaud. Pour l’instant, quelques tentatives, partielles, de répondre aux questions qu’on se pose tous.
Que s’est-il passé hier ?
Un massacre de masse, sans précédent, aveugle, qui n’a touché que les gens du peuple. Nos frères, nos sœur, nos amis, nos cousins. Les attentats de janvier s’attaquaient à des dessinateurs 68ards et à la communauté juive, ceux du 13 novembre frappent indistinctement. En janvier comme en novembre, ce sont toujours des gens du peuple qui tombent, jamais les responsables des guerres.
Qui arme les assassins ?
L’État Islamique a bâti un empire financier gigantesque – plusieurs centaines de millions de pétrodollars – grâce à la vente de pétrole aux pays occidentaux d’une part, et l’argent versé par les pays du Golfe d’autre part. C’est dans ces mêmes pays du Golfe, des dictatures islamistes, que le gouvernement français part vendre des montagnes d’armes et signer des partenariats.
À quoi sert l’État d’urgence, décrété cette nuit par le gouvernement ?
C’est une suspension des libertés démocratiques pour une période donnée. Des pouvoirs d’exceptions sont donnés au ministère de l’intérieur et aux préfectures, qui peuvent faire interdire toute manifestation, perquisitionner n’importe qui n’importe quand, instaurer le couvre-feu … Comme la loi de renseignement, qui n’a strictement servi à rien pour empêcher le massacre d’hier, il s’agit d’une fuite en avant sécuritaire délirante. On n’arrêtera pas les terroristes en surarmant la police et en surveillant la population.
Quel est l’objectif des djihadistes ?
Il est de plus en plus clair, et c’est le même que celui d’une partie de l’extrême droite : provoquer une guerre civile, ethnique et religieuse en France. Quelques heures après le massacre de Paris, le camp de réfugiés de Calais prenait feu. À droite, à l’extrême droite, des politiciens pyromanes commencent déjà à attiser les braises, alors que les cadavres sont encore chauds.
La France est en état de choc, de sidération. En période de choc, tout est possible pour le pouvoir. Les mécanisme d’autodéfense et d’esprit critique sont évaporés. Les semaines et les mois à venir qui s’annoncent seront terribles.
La manifestation antiraciste à 15h Place du Bouffay est maintenue, sous une forme différente.