Au cœur du désert, la lutte demeure la dernière dimension politique qui échappe au cynisme universel, à la dépression générale, au machiavélisme quotidien. Gouvernement unanimement détesté, dépassement des syndicats, haine assez générale du travail, émeutes lycéennes, désirs débordants : le mouvement de mars 2016 apparaît comme une bouffée d’oxygène dans un pays à l’asphyxie. Pourtant, au bout d’un mois, il peine à naître véritablement, paralysé par ces petits bureaucrates obsédés par le contrôle de la lutte, ces vieillards de 19 ans tétanisés à l’idée que la normalité universitaire puisse être perturbée quelques heures, ces différentes polices syndicales plus ou moins subtiles.
Pour continuer à faire vivre – et mieux, amplifier – les moments de grâce vécus les 9, 17 et 24 mars dans les rues de Nantes, il nous faudra de l’audace. L’audace de s’organiser par et pour nous même, de refuser de négocier, de briser les cadres. Pour y parvenir, les complicités sont partout : occupant-e-s de la ZAD, lycéens déter’, squatteurs, supporters, passants et même syndiqués incontrôlés.
Cela commencera jeudi 31 mars, par l’occupation d’une place, puis deux, puis trois. Vers la Commune.