Ce week-end à Nantes auront lieu les traditionnels « Rendez-vous de l’Erdre ». Tous les ans, une foule immense se retrouve pendant 3 jours le long de la rivière, dans le centre ville, pour écouter de la musique, boire un verre et faire la fête. Un chouette moment. Tout Nantes est dans la rue pour cette fête gratuite sur l’espace public qui se tient à la veille de la rentrée.
Mais cette année, les médias annoncent un événement sous « haute protection ». Le journal Presse Océan du 20 août développe un long dossier sur le dispositif sécuritaire prévu pour ce week-end. Au nom de l’antiterrorisme : « sur terre mais aussi sur l’eau, les forces de l’ordre seront visibles et omniprésentes. » De quoi faire passer l’envie de se marrer.
Pire, pour la première fois depuis que le festival existe, les « Rendez-vous de l’Erdre » ne seront plus un espace festif ou chacun-e pourra aller et venir. La liberté de circulation sera suspendue au cœur de Nantes. « On ne pourra pas entrer librement. Des contrôles seront effectués sur chaque spectateur. » Le quotidien Presse Océan précise même : « fouilles de sacs et palpation. » Le monsieur sécurité de la mairie assène que les « visiteurs devront se monter disciplinés et se plier aux contrôles. Ce sera leur manière de participer à la sécurité ». Tout un programme. La démocratie participative en acte.
Toutes les forces de répression existantes quadrilleront les bords de l’Erdre : policiers municipaux, vigiles, policiers nationaux, militaire armés, et forces mobiles. « L’ensemble des accès sera soit contrôlé soit bloqué. » Derrière l’antiterrorisme se cache une logique de contrôle et d’exclusion sociale. Il ne sera par exemple plus possible de venir écouter un concert avec sa bouteille ou son joint. Les populations habituellement discriminées seront doublement contrôlées. Il ne sera possible que d’entrer dans une arène ultra-surveillée et de consommer, avec discipline. Le tout au nom de la sécurité.
Cette militarisation de l’espace public à Nantes révèle l’extension territoriale des logiques antiterroristes. C’est la réutilisation de dispositifs sécuritaires expérimentés dans les stades, lors des « fans zones » de l’Euro 2016 ou même avec les nasses policières autour des manifestations ces derniers mois. A la différence près qu’il s’agit à présent de grandes étendues du centre ville et non de petits espaces.
Ces derniers jour, un festival de spectacles de rue avait lieu dans la petite ville d’Aurillac. Un dispositif similaire à celui qui sera déployé à Nantes était installé. Les festivaliers ont refusé ces logiques de contrôles et de fouilles systématiques des passants, et une manifestation a viré à l’émeute.
Quoiqu’il en soit, ce surflicage de l’espace public est une raison supplémentaire de rejoindre l’université d’été des luttes, qui aura lieu au même moment ! Également gratuit et festif, l’événement aura lieu hors de l’enceinte sécuritaire des « Rendez-vous de l’Erdre ». Venez nombreux !
26-27-28 août : université d’été des luttes à Nantes