Pendant que les médias, à l’unisson, continuent d’encenser le nouveau gouvernement et glosent sur les poignées de main «viriles» du président avec les puissants de ce monde, la répression ne cesse de s’intensifier. Macron annonce d’entrée de jeu une prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 1er novembre, et réclame une nouvelles loi dans les prochaines semaines pour «renforcer la sécurité face à la menace terroriste hors d’état d’urgence». Autrement dit, il veut inscrire les dispositifs autoritaires de l’état d’exception dans le droit commun, ce qui revient en fait à officialiser l’état d’urgence permanent. Avant d’entamer les réformes dictées par le MEDEF, le gouvernement augmente encore d’un cran supplémentaire la logique sécuritaire. Un climat particulier, qui détruit des vies militarise l’espace public et provoque l’indignation jusqu’au niveau international. Quelques nouvelles de France sous état d’urgence.
La police tire à balles réelles : plusieurs morts ces derniers jours
Depuis «l’assouplissement de la légitime défense» – c’est-à-dire la possibilité pour la police de tuer en dehors du cadre de la légitime défense – votée récemment par le gouvernement socialiste, les forces de l’ordre sont beaucoup moins hésitantes avant de tirer. Deux drames récents en sont l’illustration. Le 20 mai, en Bourgogne, Jérôme, un paysan de 37 ans essaie d’échapper aux gendarmes qui le recherchent pour une affaire administrative de contrôle sanitaire sur son exploitation. Sur un sentier de campagne, les agents tirent sur son véhicule, et tuent le paysan. Ils prétendent que Jérôme leur fonçait dessus. Pourtant, le chemin est entouré de champs. Le 30 mai, à Toulouse, c’est un homme de 27 ans qui tente d’échapper à un contrôle de véhicule qui est abattu «d’une balle dans la tête». Le 4 mai, un policier tuait en dehors de son service une femme d’une balle dans le dos dans l’Yonne.
Amnesty international dénonce l’état d’urgence
Dans un rapport intitulé «Un droit, pas une menace : restrictions disproportionnées aux manifestations sous couvert d’état d’urgence», la très sérieuse ONG Amnesty International dénonce l’utilisation des mesures anti-terroristes pour mater la contestation. L’organisation dresse l’inventaire des mesures d’exceptions utilisées depuis novembre 2015 : interdictions de manifester, mutilations, militarisation du maintien de l’ordre. La répression des manifestations à Nantes est notamment citée en exemple par les enquêteurs. En 2009 déjà, Amnesty International titrait un rapport «France : les policiers au-dessus des lois»…
Consulter le dossier ici : https://amnestyfr.cdn.prismic.io/amnestyfr%2F173a8ea8-ecf5-4917-b52b-437e4e38e188_ai_rapport_un+droit+pas+une+menace_fr-embargo+31-05-2017.pdf
Rennes : un policier menace un cortège avec son arme, 7 manifestants arrêtés
27 avril, dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle. Des manifestations contre Macron et Le Pen sont organisées un peu partout, et subissent un très forte répression : nasses, interpellations, blessures. A Rennes, un défilé réunit plus de 2000 personnes. Lors d’un moment de tension, un policier à moto braque son arme à feu sur le cortège, l’image fait le tour des réseaux sociaux. Près d’un mois après, le policier n’a reçu aucune sanction, mais au contraire, 7 manifestants ont été perquisitionnés à l’aube par des agents cagoulés qui ont enfoncé leurs portes, et placés en garde à vue pour «violences». Ils ont été placés en détention provisoire.
Édit : les interpellés de Rennes ont refusé d’être jugés en comparution immédiate, ils ont été placés en détention provisoire jusqu’à fin juin. Ils dorment ce soir en taule sans procès. Solidarité !
Brest : un policier ivre tire des coups de feu dans la rue
Dans la nuit du 30 mai à Brest, un policier d’une cinquantaine d’années, en état d’ébriété, sort son arme en pleine rue et tire en direction d’un groupe de personnes. La scène se déroule en plein centre de la ville bretonne. Par miracle, personne n’est touché et le tireur est interpellé par ses propres collègues. Cet événement montre la dangerosité des dispositions de l’état d’urgence, qui permettent aux professionnels de la sécurité de garder une arme en permanence sur eux.
Seine-Saint-Denis : frappé à la tête par la police
Dans la nuit du 26 mai, aux Lilas, un homme se commande un kebab et patiente dans la rue. Une patrouille s’arrête à sa hauteur pour le contrôler. L’homme n’a pas le temps de demander les raisons du contrôle qu’il se retrouve à terre, frappé à coups de pied dans la tête. La scène est filmée et diffusée sur les réseaux sociaux par des témoins. Le blessé est conduit à l’hôpital pour des examens. Peu après, les policiers vont chercher la victime à l’hôpital, et la placent en cellule pendant près d’une journée. Un pur coup de pression, puisqu’aucune charge n’est retenue contre lui !
Affaire Mélenchon : est-il encore possible de parler de violences d’État en France ?
Quoiqu’on en pense l’ancien candidat à la présidentielle a ramené la mort de Rémi Fraisse au cœur de l’actualité politique. Lors d’un meeting, il a accusé l’ancien ministre de l’intérieur Cazeneuve de s’être «occupé de l’assassinat de Rémi Fraise». Un propos bien tiède, puisque l’infect ministre socialiste a également calomnié post-mortem la victime, menti sciemment dans les médias, réprimé férocement les manifestations qui sont suivi la mort du militant écologiste, et étouffé l’affaire. Une gestion politique sans précédent en ce qui concerne la mort d’un manifestant. Mais la petite sortie de Mélenchon a suffi pour provoquer une tornade médiatique et politique. Il est décidément impensable, dans la classe politique d’évoquer les violences d’État. L’ignoble Cazeneuve a donc annoncé sa volonté de porter plainte contre le chef de la France Insoumise. Et, comble de l’indécence, le gendarme qui a lancé la grenade sur Rémi Fraisse a décidé d’en faire de même. «Mon client est blessé par ces propos, a expliqué Me Jean Tamalet, l’avocat du gendarme». L’obscénité des puissants n’a d’égale que celle de leurs chiens de garde. Pour rappel, la justice est en train d’enterrer l’affaire de Sivens. Et les proches de Rémi se retrouvent avec cette effroyable injustice à ajouter au poids de leur douleur.
Et pendant ce temps là, le nombre de pauvres augmente et les pauvres s’appauvrissent encore d’avantage selon l’Observatoire des Inégalités.
La guerre sociale en cours en France est la conjugaison entre la destruction des acquis sociaux arrachés à la Libération et la reconfiguration autoritaire de l’État démocratique. Un processus qui s’est considérablement durci sous le mandat Hollande / Valls, et qui promet de s’accélérer avec Macron.
Sauf si…