Été d’urgence


Le 6 juillet 2017, les nouveaux députés votent pour la première fois de leur mandat à l’Assemblée Nationale. Il s’agit de reconduire, encore une fois, l’état d’urgence. La prolongation de l’État d’exception est votée. Mais seuls 150 députés sont présents dans l’hémicycle. Le parlement est donc vide à 75%, Parlement lui-même élu il y a quelques semaines avec plus de 50% d’abstention. La démocratie représentative tient décidément à peu de choses !
Quelques nouvelles d’un pays sous état d’urgence :


Adama : mensonge d’État

Il y a près d’un an, Adama perdait la vie dans l’enceinte d’une gendarmerie à Beaumont-sur-Oise, le jour de son anniversaire. Immédiatement, le procureur en charge de l’affaire avait osé affirmer à l’ensemble des médias que le défunt était atteint d’une très grave infection qui avait provoqué sa mort. C’est grâce à l’intense mobilisation de sa famille, aux manifestations d’ampleurs et aux jours de révolte qui ont suivi le drame que l’affaire n’est pas enterrée. Aujourd’hui, une expertise reconnaît officiellement ce dont tout le monde se doutait : Adama était en bonne santé. Il est mort d’asphyxie lors de son interpellation. Sous le poids de plusieurs gendarmes.

Disons-le, répétons-le : le procureur a menti. Les forces de l’ordre ont menti. Les experts ont menti. Les politiciens ont menti. La mort d’Adama est une affaire d’État.

Source : http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/07/04/le-deces-par-asphyxie-d-adama-traore-confirme-par-une-contre-expertise_5155625_1653578.html

Rémi Fraisse : pas de justice, pas de paix

En octobre 2014, pour la première fois depuis 30 ans en France, un manifestant était tué par les forces de l’ordre. Rémi Fraisse tombait sur la ZAD de Sivens, touché par une grenade offensive. Cet épisode n’a pas suscité de véritable élan de colère, ni de mobilisations à la hauteur du drame. Nous sommes, depuis, entrés dans une nouvelle séquence du maintien de l’ordre où l’État n’a plus peur de blesser, mutiler ou tuer des manifestants. C’est ce que nous avons constaté lors du mouvement contre la Loi Travail, ou plus récemment lors des manifestations pendant les élections. Il a fallu deux ans et demi à la justice pour enterrer le scandale que constitue la mort de Rémi. Le procureur requiert à présent un «non-lieu généralisé» et «oublie» volontairement de nombreux éléments accablants dans cette affaire. La hiérarchie policière et le gouvernement socialiste, qui ont sciemment organisé les conditions de ce meurtre, ne sont évidemment pas mis en cause.

Source : https://reporterre.net/Remi-Fraisse-le-procureur-veut-le-non-lieu-mais-oublie-des-elements-decisifs

Le FN au ministère de l’Intérieur

En France, depuis des semaines et en pleine canicule, des centaines de réfugié-es sont privés d’eau et de nourriture par la police, qui empêche les associations d’aider les exilé-es. Un traitement inhumain et évidemment illégal, pourtant assumé par le gouvernement qui estime ainsi “empêcher un appel d’air”. À l’origine de ces consignes, Gérard Colomb qui incarne à lui seul l’image du pouvoir en place : maire “de gauche”, figure éminente du PS, proche de Valls et admirateur de Macron, adepte d’une ligne ultra-sécuritaire et d’un libéralisme débridé. Bref, ce ministre de l’Intérieur s’annonce encore plus nuisible que ses prédécesseurs. Il a récemment asséné des déclarations dignes du FN, sur les migrants «enkystés» à Calais, allant jusqu’à ironiser sur les violences policières récurrentes. Assez logiquement, ce sont les néo-fascistes de Génération Identitaire qui ont salué les paroles et les actes du ministres. Estimant «avoir contribué […] à cette nouvelle position politique au plus haut sommet de l’État» le groupuscule raciste entend demander des subventions pour son action «Defend Europe» qui «vise à stopper les bateaux de passeurs et à empêcher les bateaux d’ONG complices de ramener les migrants en Europe».

Gérard Collomb, plus proche des identitaires que des humanitaires : https://www.politis.fr/articles/2017/06/gerard-collomb-plus-proche-des-identitaires-que-des-humanitaires-37219/

Des témoignages sur les violences quotidiennes subies par les migrant-es à Calais ont fait réagit le défenseur des droits. Ils sont accablants : http://www.liberation.fr/france/2017/06/14/a-calais-les-policiers-riaient-en-me-frappant_1576829

Des nazis chez les CRS

2011, des visuels nazis sont affichés dans les locaux de la Compagnie Républicaine de Sécurité de Perpignan. Un policier – un seul – décide de briser l’omerta, et de dénoncer «l’ami personnel du chef de corps […] connu pour son amour immodéré des nazis, avec la bienveillance de certains au sein de la CRS» en écrivant une lettre à ses supérieurs. Plutôt que de sanctionner les sympathies nazies affichées d’une partie de la compagnie, la hiérarchie décide de harceler le seul agent ayant dénoncé les faits. «Suite à cette lettre, le commandant de la compagnie a commencé à l’enquiquiner, il a essayé de le placardiser, puis de le faire réformer et reclasser, alors qu’il était jusqu’alors content de ses services. À force de le harceler, ils ont réussi à le faire réellement tomber malade» raconte un syndicaliste flic. Alors que les forces de l’ordre votent massivement pour l’extrême droite, il est évident que les violences policières sont structurelles : il n’y a pas de «bavures», et ceux qui rompent l’esprit de corps sont de très rares exceptions vite expulsées de la machine policière.

https://www.mediapart.fr/journal/france/130617/un-crs-harcele-apres-avoir-denonce-une-affiche-de-hitler-dans-sa-caserne

La SNCF comme au bon vieux temps

La compagnie française de chemin de fer est héritière d’une longue tradition de collaboration. À l’occasion du G20 de Hambourg, la SNCF a demandé à ses agents de traquer et de signaler les personnes suspectes qui pourraient participer aux actuelles manifestations dans la ville du nord de l’Allemagne. Cette initiative de la sûreté de la SNCF émane directement de l’État, et demande de signaler toute «personne dont le comportement pourrait laisser supposer un comportement militant porté à l’extrême (personnes appartenant au mouvement zadiste venant de Notre-Dame-des-Landes mais également des Alpes).» Un syndicaliste de l’entreprise explique que ces demandes de flicage sont de plus en plus courantes : «ça existe pour les migrants notamment, que ce soit en région PACA ou en région parisienne.»

https://www.streetpress.com/sujet/1499177108-sncf-demande-agents-signaler-militants-et-zadistes

Société spectaculaire marchande

Nous voici à l’ère de la post-politique. Macron a gravi les échelons du pouvoir en concevant sa campagne comme la publicité d’une start-up, entre meetings truqués – des textos étaient envoyés en temps réel au public pour qu’il applaudisse ou scande des slogans devant les caméras –, discours vides et envolées lyriques dignes d’un télévangéliste. C’est un produit de la communication qui s’est imposé, écrasant la concurrence. Les députés de la majorité – piochés parmi les avocats, patrons de start-up et autres cadres supérieurs – tout aussi vides, n’existent que pour approuver les offensives néo-libérales du gouvernement. C’est ainsi que l’assemblée est transformée en simili-plateau de télé. Lors du discours de politique générale, des consignes ont été envoyées aux députés En Marche pour acclamer le premier ministre. Obéissants, les élus ont appliqué les ordres avec trop de zèle : «le Premier ministre voyait quasiment chacune de ses phrases ponctuées d’applaudissements. Une consigne également appliquée trop mécaniquement et qui a conduit à ce que les députés LREM applaudissent Édouard Philippe au moment où il évoquait les 60% de bacheliers qui échouent en licence.»

C’est donc cette assemblée fantoche qui compte opérer la plus grande mise à sac sociale depuis la guerre, sur fond d’état d’urgence renforcé. Ce gouvernement est fragile : destituons-le.

Source : lelab.europe1.fr/discours-de-politique-generale-les-deputes-lrem-avaient-recu-pour-consigne-dapplaudir-3380519

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