Le gouvernement déclare la guerre à la jeunesse

« Si à 18, 19 ans, 20 ans, 24 ans, vous commencez à pleurer parce qu’on vous enlève 5 euros… Qu’est-ce que vous allez faire de votre vie ? » C’est la récente déclaration, d’une arrogance vertigineuse, qu’une députée de la majorité alors que son parti annonçait la baisse des Aides Pour le Logement. L’intervention indécente de cette politicienne parvenue n’est pas anodine : elle reflète un état d’esprit qui transpire de la classe politique. Depuis son arrivée au pouvoir, Macron déclare la guerre à la jeunesse. Quelques exemples.

Lycéens et étudiants sacrifiés

Depuis 20 ans, les gouvernements dépouillent les universités, considérées comme pas assez rentables. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait fait passer une loi sur « l’autonomie » des universités, qui ouvrait la voie à la privatisation de sections entières de l’enseignement supérieur, permettant à des entreprises privées de financer des filières. Les socialistes ont aggravé la situation, en votant une loi allant encore plus loin. L’augmentation des frais d’inscription et les dispositifs d’exclusion rendent de plus en plus difficile pour un enfant d’ouvrier ou un jeune travailleur qui veut reprendre les études de s’inscrire en fac. Macron compte accélérer le mouvement en supprimant carrément des centaines de millions d’euros pour l’enseignement supérieur. Résultat ? Des dizaines de milliers de lycéens qui viennent d’obtenir le Bac sont laissés sur le carreau par les politiques libérales. Fin juillet, plus de 60 000 bacheliers n’ont toujours pas d’affectation pour la rentrée ! A Nantes, la direction de l’université a l’idée géniale d’organiser des « tirages au sort » des étudiants qui pourront s’inscrire ou non dans certaines filières, notamment en STAPS. Ceux qui n’ont pas eu de chance se retrouvent sans solution jusqu’à l’an prochain. En France, l’inscription à l’université était jusqu’à récemment un droit après l’obtention du bac. C’est désormais fini.

Sources :

Précarité généralisée

Non seulement la classe politique compte baisser les APL pour distribuer toujours plus d’argent au plus riches, mais la précarité organisée par les mesures gouvernementales s’adresse en priorité aux plus jeunes, déjà largement touchés par le chômage. La jeunesse est le laboratoire des recettes néo-libérales des gouvernants, la pointe avancée de l’ubérisation de la société. On a tous un pote qui travaille en uniforme fluorescent comme livreur à vélo quand on n’a pas nous même tenté l’expérience. Ces jobs de livreurs sont une image du monde rêvé de Macron et ses amis. Flexibilité totale dans le temps et l’espace. Dispersion dans la ville, et quasi-impossibilité de s’organiser collectivement. Le statut « d’auto-entrepreneur » supprime la quasi-totalité des droits sociaux traditionnellement attachés aux salariés. Libéralisme total, auto-exploitation organisée. En parallèle, la future Loi Travail qui va amplifier la précarité du salariat touchera en priorité les jeunes, contraints d’accepter des taffs mal payés ou à temps partiels. Et pour accompagner le travail précaire, le logement précaire : Macron compte créer les locations à durée limitée pour ceux qui subissent ces contrats de merde. « Le nouveau gouvernement souhaite créer un «bail mobilité» à durée limitée pour les travailleurs précaires » écrit un site d’info. Les propriétaires pourront louer un appartement le temps du CDD de leur locataire. Et après ? A la rue !

Sources :

Répressions accentuées

Contrôles, fouilles, injures, violences. Les humiliations quotidiennes de la police touchent, pour l’immense majorité, la jeunesse, en particulier quand elle n’est pas blanche. Ceux qui ont entre 18 et 25 ans aujourd’hui sont de la génération de Zyed, Bouna, Adama et Rémi. Dans les manifestations contre la Loi Travail, on a tous vu des potes se faire blesser ou arrêter, quand on n’a pas soi-même été touché directement par la répression. Les interdictions de manifestation pleuvaient essentiellement sur des lycéens et des étudiants impliqués dans la lutte. La pérennisation de l’état d’urgence donnera encore plus de pouvoir aux keufs pour perquisitionner n’importe qui, sortir leurs armes ou tout simplement abuser de leur pouvoir lors d’un contrôle. Les gouvernements ont toujours craint les mouvement de jeunes, moins encadrés et donc incontrôlables. C’est aussi pour ça que la répression vise en priorité la jeunesse quand elle se révolte dans les quartiers ou quand elle défile en manifestation sauvage et bloque des lycées.

Répression, précarité, études incertaines … Il y a toutes les raisons de mettre le zbeul en septembre. En 2015 à Las Vegas, Macron en plein délire au milieu des casinos avait lancé : «Il faut des jeunes qui aient envie de devenir milliardaires ». À nous de montrer qu’ils préfèrent devenir indomptables.

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