L’État est une mafia


“On se trompe chaque fois que l’on veut expliquer quelque chose en opposant la mafia à l’État : ils ne sont jamais en rivalité.”
Guy Debord


En 1995, Claude Guéant est Directeur Général de la Police Nationale. Il est le grand artisan du tournant sécuritaire de notre époque. L’histoire retient que c’est lui qui décide d’introduire une nouvelle gamme d’arme à feu dans l’arsenal de la police. Il entérine «l’acquisition et l’utilisation du fusil Flash-Ball», censé «lutter plus efficacement contre les formes nouvelles de la criminalité». Depuis la police a été dotée de milliers d’armes tirant des balles en caoutchouc. Elles ont mutilé des dizaines de personnes, manifestants, jeunes des périphéries, supporters de foot, et tué à deux reprises. A cause de Claude Guéant, la police française tire à nouveau sur la foule. Un tournant de paradigme majeur. Une étape dans la militarisation du maintien de l’ordre.

Conseiller de Nicolas Sarkozy, Ministre de l’intérieur et défenseur d’une ligne hyper-répressive, Claude Guéant est aussi, en même temps, un mafieux. Un petit voyou réglant toutes ses dépenses d’argent sale en liquide et trafiquant avec des tyrans. Par exemple, il est soupçonné avec Nicolas Sarkozy d’avoir reçu plusieurs valises de billets émanant du régime libyen entre 2006 et 2007. L’ancien ministre a déjà été mis en examen en 2015 dans cette affaire, et dans un volet annexe: celui de la vente douteuse de deux tableaux flamands pour 500 000 euros. Claude Guéant est soupçonné d’avoir “manipulé au moins 200.000 euros” en cash sans que l’on connaisse l’origine de ces fonds. Durant la campagne présidentielle, Géant loue une chambre forte dans une grande banque parisienne, pour y stocker son argent. Quelques années plus tard, le gouvernement français élimine le dictateur libyen, devenu gênant.


L’État est une Mafia, et Claude Guéant incarne à la perfection ces deux modalités de l’exercice du pouvoir : gouvernance policière à coups de flash-balls et d’antiterrorisme contre les plus faibles d’une part, agissements mafieux et corruption généralisée au sommet de l’État d’autre part.

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