10 février : feu de joie contre l’aéroport et son monde

10 février 2018 : la Déclaration d’Utilité Publique du projet d’aéroport, décidée 10 ans plus tôt par le préfet de Nantes, est officiellement périmée. Il n’y aura jamais d’avions à Notre-Dames-des-Landes. Il est midi. Au Gourbi et à Saint-Jean du Tertre, deux lieux de la ZAD, deux points de départ pour converger vers la ferme de Bellevue, et fêter comme il se doit la victoire de ce combat de longue haleine, la foule grossit.

La foule est dense, le froid mordant. On patauge dans la boue. Une déclaration commune du mouvement est lue. Puis un tracteur bardé de fortifications en bois fend la multitude, suivi d’un gigantesque triton mobile, de 20 mètres de long. Un cortège s’étire derrière eux, piétinant sur les routes trop étroites pour une telle affluence. Il y a 40 000 personnes sur la ZAD. La foule des grands jours. On peut y croiser des gens de tous horizons, arborant souvent de larges sourires, ou les costumes les plus audacieux.

Arrivés à destination, les cortèges fusionnent, puis se dispersent sur trois champs adjacents. Un dragon aux narines fumantes fait son apparition. Un crocodile géant à la mâchoire acérée, vient également tenir compagnie au triton. Les trois géants se baladent dans la foule, se querellent dans un ballet surréaliste pendant qu’un speaker commente les événements. Au milieu du champ, un monticule de constructions représentant les grands projets destructeurs : l’extraction de sable, la poubelle nucléaire de Bure, le Center Parc de Roybon … et un avion en bois, massif. Les monstres virevoltent autour des symboles, avant d’y mettre le feu sous les acclamations. Une effigie de paille au visage de Gérard Colomb se consume. Mieux que Royal de Luxe, sans les subventions. L’immense brasier réchauffe quelques instants les premiers rangs, avant de diminuer. Des fanfares continuent à jouer, et les dizaines de milliers de personnes se répartissent autour des concerts, discussions, et autres stands. Malgré la pluie, des milliers de personnes resteront bien après la nuit tombée, autour d’un fest-noz et d’autres réjouissances.

Il y a toujours quelque chose de prodigieux, dans une période où il est si difficile de se mobiliser, de voir des dizaines de milliers de personnes, parfois venues de l’autre bout de la France, voire de l’Europe, venir se perdre au milieu d’un bocage, dans une lande trempée, par un temps glacial, après avoir tâtonné le long de routes sinueuses pour partager quelques heures ensemble. Quoiqu’on en dise, la ZAD porte en elle cette magie. Et beaucoup semblent y tenir. Aujourd’hui, c’est certain, cette magie ne s’éteindra pas.

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