
Depuis début février, un peu partout en France, la jeunesse se mobilise contre le Plan Vidal, qui prévoit notamment la mise en place d’une sélection à l’entrée de l’université, rendant encore plus difficile l’accès aux études supérieures pour les plus précaires. A Nantes, Toulouse, Rennes, Paris, Caen, Poitiers, des lycées et des universités sont bloqués, des Assemblées Générales réunissent des milliers d’étudiants, des manifestations sont organisées. Et à chaque fois réprimées implacablement.
Cette semaine, le Plan Vidal a été voté à l’Assemblée Nationale. Seuls 60 députés étaient présents pour le vote. Il en manquait donc 511. Les représentants de la République se sont abstenus à plus de 90% sur un sujet aussi important et controversés. Ce sont les mêmes qui auront l’indécence de parler de « légitimité démocratique » dans les médias, ou qu’on entendra critiquer les mauvais citoyens qui ne votent plus.
A Nantes, la fac est en ébullition. Depuis novembre, des bâtiments – notamment le Château du Tertre – sont réquisitionnés pour héberger des jeunes mineurs exilés à la rue. Depuis près de trois mois, des dizaines de personnes se relaient, apportent du soutien, des cours, de la nourriture. Bref, organisent la solidarité.
En parallèle, depuis deux semaines, un mouvement étudiant émerge contre le Plan Vidal. AG et blocus, manifs se succèdent. Les défilés de la jeunesse sont systématiquement réprimés, chargés par la police, voire menacés avec des armes. C’est dans ce climat de tension que le président de l’université, Olivier Laboux, a décidé le 15 février de mettre de l’huile sur le feu en fermant administrativement l’ensemble du campus, prétextant une occupation d’amphi par les étudiants mobilisés.
Le même jour, une Assemblée du personnel de l’université, rassemblant notamment des enseignants solidaires du mouvement, a été largement entravée par la présidence de l’université. Un témoin raconte :
« Il a fallu que les délégués syndicaux bataillent au téléphone pour obtenir une salle en sciences pour se réunir et pendant notre AG les autres amphis ont été fermés et les personnes qui nous cherchaient se voyaient dire au portail (en présence d’un CRS armé) que non, il n’y avait aucune réunion. »
Le même jour, suite à diverses protestations, le président de l’université décide de rouvrir le campus, et envoie une longue lettre aux étudiants et au personnel. Dans un texte alambiqué, truffé de calomnies, d’inventions et d’approximations, assimilant les étudiants mobilisés à des « extrémistes » et des ZADistes agressifs, il lance une menace d’expulsion policière de l’ensemble du campus. Y compris les lieux hébergeant les mineurs isolés :
“J’ai demandé à la préfecture d’envisager des conditions d’interventions optimales afin de (…) nous permettre de ré-accéder librement au château du Tertre et à la Censive occupés actuellement par des migrants et les collectifs qui les accompagnent”
Pour rappel, la police n’a pas le droit de pénétrer sur le territoire de la fac, c’est ce qui s’appelle la « franchise universitaire ». Par ce courrier, le président Laboux semble ouvrir les portes de la faculté à une police qui a démontré son extrême violence et sa volonté de terroriser les mouvements sociaux. Cerise sur le gâteau, dans ce contexte, d’obscurs groupuscules d’extrême droite, totalement invisibles sur la fac, produisent des communiqués offensifs largement relayés par les médias pour alimenter le climat de tension.
Alors, faut-il prendre au sérieux ces menaces ? En décembre, déjà, le Président de l’Université avait demandé à la préfecture d’intervenir pour expulser le Château du Tertre. Une expulsion finalement annulée, sous la pression d’une importante manifestation, d’un coup de pression sur les dirigeants de l’université, et d’un soutien des syndicats.
Il est évident que les institutions cherchent à étouffer le mouvement par tous les moyens, mais mettront-elles leurs menaces à exécution, au risque de provoquer des troubles bien plus importants ?
Quoiqu’il en soit, le mouvement appelle à la plus grande vigilance. Une expulsion n’est pas exclue dans les heures ou jours à venir. Rappelons qu’une centaine de personnes seraient jetées à la rue en plein hiver en cas d’intervention policière.
En cas de convoi important se dirigeant vers la fac (attention aux fausses alertes), contacter ce numéro d’urgence : 07 58 23 40 28
AIDEZ CONTRE ATTAQUE
Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.