Le 19 juin dernier, une action organisée conjointement par plusieurs composantes des luttes sociales nantaises, le murage d’une banque HSBC, était violemment interrompue par la police. Malgré le caractère jovial et collectivement assumé de l’initiative, il s’agissait pour les autorités de tuer dans l’œuf cette première étape vers l’unité d’action : coup de matraques, menaces, gaz. Et à l’arrivée, un militant CGT, B., mis en examen pour « dégradations volontaires en réunion ». Pour l’exemple.
Son procès a lieu mardi 20 février. Cette journée est donc l’occasion de soutenir le militant inculpé devant le tribunal de Nantes, et de discuter, dans le cadre de la semaine de résistances, du mouvement social de l’automne 2017 et du travail de composition entre forces syndicales, militants anti-aéroport, cortège de tête … Qui se sont organisées au sein d’un espace de discussion appelé Comité d’Action Nantais.
L’après midi, une centaine de personnes viennent soutenir B. Un faux mur de parpaing est érigé devant le tribunal, suivi de discours. Finalement, l’affaire judiciaire, ridiculement montée en épingle par le parquet de Nantes, se solde par une relaxe. Premier soulagement.
Le soir, plus de 70 personnes se retrouvent à la Maison des Syndicats, pour raconter à plusieurs voix l’expérience singulière tentée à Nantes ces derniers mois. En sachant poser toutes les limites du Comité d’Action Nantais – difficultés à trouver un consensus, pratiques, désirs et temporalités différentes …–, mais aussi ses points de forces, qui ont permis de déployer des modes d’actions originaux localement, et parfois de tenir tête à la répression. Autour d’un repas préparé par le réseau de ravitaillement des luttes – lui aussi créé à l’automne dernier, pour approvisionner des différentes grèves et mouvements sociaux locaux – la discussion s’est poursuivie dans une écoute mutuelle. Un ouvrier de la métallurgie a notamment raconté une grève victorieuse qu’il a organisé dans son entreprise l’année dernière, offrant des perspectives pour les semaines qui viennent. Parmi les interventions, un militant CGT qui se réjouissait de la nouvelle allure des manifestations nantaises, avec notamment des constructions éphémères dans la rue : « nous sommes dans une époque où nous trouvons de moins en moins de sens dans ce qu’on fait au travail, alors il faut qu’il y ait du sens dans nos mobilisations, il faut que nos manifestations aient un but, il faut qu’il y ait du sens dans nos luttes ». Tout un programme.
Ce mercredi soir, pour la suite de la semaine de résistances, rendez-vous au bar La Dérive (1 rue du Gué Robert) pour échanger sur la Métropole et les aménagements.