Jeudi 19 avril. Alors que les colères crépitent dans tout le pays, cette journée de grève générale devait être un temps décisif pour entamer le rapport de force avec un gouvernement qui frappe partout avec une violence inédite.
Dans les rues de Nantes, il y avait foule. Au moins 13.000 manifestant-es. Mais le défilé paraissant bien fade après les manifs extravagantes des jours passés. La répression féroce exercée à Nantes a-t-elle réussi à terroriser les plus audacieux ? Les dates de mobilisation espacées d’un mois par les centrales syndicales ont-elles douché les plus belles énergies ? La fin de l’année universitaire a-t-elle amoindri la détermination étudiante ? Quoiqu’il en soit, il n’y avait ni geste collectif, ni puissance dans ce défilé assez morne, sous une chaleur estivale. En fin de parcours, la plupart des manifestants s’étaient déjà dispersé quand une assemblée générale de rue, qui devait permettre d’envisager la suite de la lutte, démarrait avec beaucoup de retard. Signal révélateur, certains syndicalistes, en chœur avec la presse locale, se sont publiquement félicités de ce défilé inoffensif, en expliquant que «pour une fois, il ne s’est rien passé». L’objectif serait donc qu’il ne se passe rien ? Il en faudra plus pour effrayer un régime qui s’inspire de Thatcher.
Heureusement, une très forte présence de la jeunesse, notamment les lycéens qui ont réussi à bloquer leurs établissements, et de nombreuses banderoles des différents comités autonomes de l’université ont donné un peu de couleur à cette manifestation ensoleillée. La journée s’est achevée à l’université occupée, par une grande fête en musique.
Alors que des universités subissent des expulsions policières, que l’assaut militaire sur la ZAD pourrait reprendre dès lundi et que le gouvernement se montre inflexible sur le plan social, à nous d’écrire la suite du mouvement.