«Le gouvernement annonce une trêve sur la ZAD», écrivent en chœur les médias ce jeudi 26 avril. Mais dès l’aube, des détonations retentissaient dans les champs de Notre-Dame-des-Landes et les blindés enfonçaient des barricades. Quelques remarques sur la situation en cours :

1 – Les violences et l’occupation militaire ne cessent pas
Les blessures, les gaz, les affrontements continuent. Le dispositif militaire massif est toujours sur zone, officiellement pour «déblayer» les barricades. Mais comment parler de trêve alors que l’occupation du bocage par des milliers d’hommes armés ne peut que provoquer des tensions quotidiennes. Le Directeur Générale de la Gendarmerie annonçait même il y a quelques jours que ses militaires allaient probablement rester plusieurs mois.
2 – L’arrêt des destructions sera de courte durée
Le premier sinistre annonce une reprise des hostilités dès le 14 mai, «contre les occupants illégaux». En bref, le gouvernement temporise face à la résistance rencontrée sur le terrain, et face à la nouvelle donne politique depuis que les opposants ont remis les formulaires demandés par la préfète. Il s’agit de gagner du temps, mais surtout de nourrir la division entre occupants de la ZAD, en inspectant de près les documents déposés. Mais dès la mi-mai, le gouvernement risque de frapper fort pour le deuxième round. Édouard Philippe déclare aujourd’hui : «il ne faut pas douter de la détermination du gouvernement, elle est totale. On prépare les interventions nécessaires pour tirer les conséquences d’une occupation illégale qui ne voudrait pas cesser.»
3 – Le coût des deux premières semaines d’intervention est colossal
Sur le plan financier et humain. La presse parle d’un montant minimal de 5 millions d’euros, comprenant notamment 3 millions d’euros d’indemnités et de logement pour les gendarmes, 1,5 million d’euros pour le carburant et la la nourriture et 300.000 euros de grenades. Et cela sans compter les frais des deux hélicoptères déployés – 1500 à 2000 euros pour une heure de vol –, les drones et les blindés. La baisse des APL aura servi à payer la répression. Le coût humain est aussi très lourd : les blessés se comptent à présent par centaines, avec notamment deux personnes gravement atteintes au visage lors des manifestations nantaises et des parties du corps gravement endommagées par des explosions de grenades sur la ZAD.
4 – La zone est dévastée
Les «Naturalistes en lutte» qui veillent sur le bocage depuis des années estiment que la ZAD est empoisonnée par les milliers de grenades qui ont imprégné les terres et les végétaux de gaz chimiques. Les espèces locales sont contaminées et leur habitat est abîmé par les véhicules blindés, les bulldozers et les affrontements qui ont lieu en pleine période de reproduction et de régénérescence printanière pour la faune et la flore. Tout ça pour détruire une trentaine de cabane dont personne, pas même une armée, ne pourra empêcher la reconstruction à plus ou moins long terme.
5 – La guerre continue dans les tribunaux
Si les affrontements sont moins vifs sur le terrain, une justice d’exception frappe avec une violence inouïe toutes les personnes soupçonnées de soutenir la lutte, ou de participer aux résistances. Un jeune sans casier judiciaire a pris 8 mois de prison ferme la semaine dernière, accusé sans preuve d’avoir vidé un extincteur en direction de gendarmes, sans avoir blessé personne. Un belge de 21 ans, contrôlé sur la ZAD avec quelques pétards dans la poche a été jugé il y a deux jours et dort en prison pour plusieurs mois. On ne l’accuse d’aucune violence, ni de rébellion, ni d’outrage. Seulement d’avoir eu en sa possession, loin de tout affrontement, quelques pétards. La justice ne s’en cache même plus, elle cherche à faire des exemples. Cette judiciarisation pourrait bien continuer, puisque l’État accumule des centaines d’heures d’images avec ses mouchards volants et enquête sur les mouvements contestataires.
Le gouvernement met donc le mouvement d’occupation sous pression, avec un compte à rebours très court, tout en continuant le déploiement militaire et les violences sur zone. Le répit accordé doit permettre de construire des solidarités plus vastes pour riposter efficacement en cas de nouvelle attaque.
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