Ce matin à Nantes, les épreuves universitaires de fin d’année avaient lieu dans une salle de concert réquisitionnée à l’autre bout de la ville, entourée de policiers armés et cagoulés. Des partiels derrière des matraques et des Flash-Ball : une première. Les étudiants en lutte ont été sauvagement réprimés, et une étudiante frappée à la tête a fini à l’hôpital. En réaction, des centaines d’étudiants ont refusé de passer leurs épreuves. Et des profs se sont mis en grève. Témoignage d’un étudiant nantais, présent sur les lieux :
«Face à la mascarade des partiels, grève, blocage et sabotage !
Le gouvernement est clairement décidé à passer en force. Et la présidence de l’université de Nantes se montre complaisante, une fois de plus. Tous les moyens sont bons, y compris ceux qui causeront des «dommages collatéraux». Il est probable que les technocrates placés à la tête des universités françaises aient estimé qu’une marge de violence «acceptable» à l’entrée des salles d’examens valait mieux qu’un retard dans les épreuves… Police dans les universités, partiels délocalisés. Le petit cirque d’Olivier Laboux continue. Le cérémonial des partiels est conservé. Des étudiants peuvent se lever, crier, démarrer une épreuve avec 45 minutes de retard, les «surveillants» font comme si de rien était. Quand bien même on attribuerait une quelconque valeur à «l’état de droit», force est de constater que l’organisation des examens se révèle à l’heure qu’il est, purement et simplement illégale.
Mais depuis le printemps, est-ce vraiment ça qui compte pour les gouvernants ? Au regard du niveau de violence déployé envers les étudiant-e-s ces derniers mois, et plus généralement envers toutes celles et ceux qui luttent, on s’aperçoit que ce n’est plus le droit qui «régule» les rapports sociaux dans la France d’Emmanuel Macron, mais bel et bien la police. Si «l’état de droit» est déjà en soi du côté des classes dominantes, que dire de cet état d’exception que nous subissons au quotidien ? Comment pouvons-nous passer nos examens normalement alors qu’une étudiante a été blessée par des policiers ?
L’université de Nantes montre son vrai visage : derrière le vernis d’un «espace de transmission des savoirs ouvert et citoyen», apparaît aux yeux de tous-tes l’institution disciplinaire. Après cette première journée d’examens, nous avons la confirmation que ce qui est en jeu dans les partiels n’est même pas de «vérifier» les connaissance acquises (ce qui déjà s’oppose à notre émancipation), mais bien de s’assurer que nous serons suffisamment dociles une fois sorti de nos études. Nous sommes tout-es flippé-e-s à l’idée de devoir assumer les conséquences d’un boycott, mais c’est seulement en restant solidaires que nous pourrons faire reculer la présidence. Dès demain, et tous les jours, restons ensemble et ne cédons pas à l’immonde chantage qui nous est fait.
Nous ne pouvons nous résoudre à accepter de voir les facs devenir des lieux mortifères. Car ce qui est en jeu ici, dépasse largement le problème de la loi ORE. Nous avons même vu des étudiants qui n’étaient pas engagés dans le «mouvement», refuser d’écrire. Alors big up à celles et ceux qui bloquent, qui boycottent et qui ne se laisseront pas faire dans les jours à venir. Big up aussi à tous-tes les prof et au personnel qui refusent de collaborer avec la police. Feu aux partiels !»