Sur la ZAD : la main arrachée par une grenade


Ce mardi 22 mai, vers midi, sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, un jeune homme de 21 ans a eu la main arrachée, pulvérisée par l’explosion d’une grenade tirée par la gendarmerie. Pour le moment, aucune nouvelle ne parvient de ce jeune très gravement mutilé concernant son état de santé.


Une photographie terrifiante, insoutenable circule sur les réseaux sociaux. Nous choisissons, par respect pour le blessé, de ne pas la diffuser. On y voit un jeune aux vêtements lacérés et au torse noirci et ensanglanté par l’explosion de la grenade, allongé dans l’herbe. Il semble inconscient. Une souffrance immense se lit sur son visage. Il est tenu par des secouristes casqués. L’extrémité de son bras droit n’est qu’une plaie béante, sanglante. La main a disparu. C’est une image de guerre.

Quelques précisions à chaud.

  • Le gouvernement parle déjà, pour qualifier l’arme responsable de la blessure, d’une «grenade lacrymogène» pour minimiser les faits. Les communicants du pouvoir jouent sur les mots. En réalité il s’agit d’une grenade GLI F4, c’est à dire, dans le langage technocratique du maintien de l’ordre, d’une «Grenade Lacrymogène Instantanée F4». Il s’agit d’une grenade à effet de souffle, qui explose, comme celle qui a tué Rémi Fraisse en 2014. Elle contient environ 30 grammes de TNT, une poudre explosive utilisée dans l’armement. Mortelle.
  • Toujours selon le gouvernement, le jeune mutilé aurait «ramassé la grenade pour la renvoyer». Une grenade GLI F4 explose en un laps de temps de 2,5 secondes. 2,5 secondes entre le tir et la détonation. Est-il sérieusement crédible qu’en deux secondes, la grenade ait eu le temps d’être jetée vers une foule, de tomber au sol au milieu d’un champ, d’être ramassée, puis d’exploser ?
  • Les témoins présents sur place racontent que le drame a eu lieu pendant une charge, près de la Chateigne, au cœur de la ZAD. Selon les témoins, le groupe de personnes dont ils faisaient partie fuyait la charges des gendarmes qui envoyaient des grenades lacrymogènes et explosives. Un témoin raconte : «il était déjà au sol et c’est là qu’il y a eu l’explosion». Le jeune mutilé serait il tombé à l’endroit où une grenade venait d’être tirée ? Une grenade aurait-elle atteint sa main ? A-t-il tenté d’éloigner une grenade qui atterrissait sur lui ? Pour l’instant, ces questions restent en suspend. Une seule certitude : la gendarmerie a tiré une arme explosive et létale sur des civils désarmés qui leur tournaient le dos.
  • Les équipes médicales de la ZAD expliquent que la présence des gendarmes les a «empêché de porter secours à la personne personne blessée». C’est la gendarmerie qui a traîné le blessé au sol, puis s’est empressée de communiquer dans les médias. Les médecins de la ZAD ajoutent : «depuis plusieurs semaines, nous alertons de la dangerosité avec laquelle sont utilisées les armes de la police. Nous déplorons la situation dramatique d’aujourd’hui mais n’en sommes pas surpris. Nous avons déjà dû prendre en charge plus de 300 blessés lors de ces dernières semaines suite, entre autre, à des tirs de grenades GLI-F4, grenades de désencerclements et Flah-Balls.»
  • Depuis le début des expulsions sur la ZAD, plus de 11.000 grenades ont été tirées, dont 3000 explosives. Comme celles qui ont arraché une main aujourd’hui. La surprise n’est malheureusement pas qu’il y ait une personne gravement mutilée, mais plutôt qu’il n’y ait toujours pas eu de mort sous ce déluge de grenades. Le gouvernement est-il prêt à tuer pour l’exemple ? À tuer pour terroriser celles et ceux qui s’opposent à sa politique autoritaire et néo-libérale ?

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