Nantes sous tension, jour 2


Mardi 3 juillet au soir, un CRS abattait Aboubakar dans le quartier du Breil, au Nord de Nantes. Après une nuit de flammes, mercredi 4 juillet, la tension est restée très élevée toute la journée dans le quartier, où la police instaure un climat étouffant.


En se promenant dans le centre-ville de Nantes, personne n’imaginerait qu’à quelques minutes de tramway seulement, des rues se sont embrasées quelques heures plus tôt. Les terrasses sont pleines, les touristes affluent, les commerces tournent à plein régime.

Au Breil, cité coincée entre un quartier plutôt bourgeois et une zone pavillonnaire, les rues offrent un autre visage. À chaque croisement, des carcasses de voiture calcinées et des gyrophares qui barrent le passage. Partout sur le sol, des cartouches de grenades. Entre les débris des affrontements de la nuit, de très nombreux habitants discutent, filment, se moquent des gendarmes, qui avancent, puis refluent. Deux grands pères imperturbables discutent sur des bancs dans la rue. Parfois, un feu mal éteint, qui couvait sous la taule d’un véhicule, se rallume et fait exploser un moteur. Au passage des unités de gendarmes, des projectiles tombent des toits et des façades. On raconte qu’une mère de famille a « tout jeté » par sa fenêtre la nuit dernière. La police tire en hauteur, vers les carreaux, des cartouches lacrymogènes. Des enfants jouent dans l’herbe, entourés de policiers. La BAC se déplace comme un commando au milieu des barres. Un moment de tension, puis une longue période de calme. Le quartier est quadrillé, étouffé. Et la situation est la même dans toute la périphérie nantaise. Sur les lieux du drame, devant le mur défoncé où la voiture a terminé sa course, des fleurs et des tags en hommage au défunt.

Si l’ambiance est électrique, c’est une colère froide qui domine. Nous sommes loin du climat apocalyptique décrit par les médias qui parlent d’une « zone de non droit ». Il règne plutôt une rage partagée suite aux événements de la veille. Évidemment, personne ne croit le discours officiel.

Autour de 19h, une petite centaine de personnes se réunissait également devant la Préfecture, contre les violences policières.

Au Breil, alors que le soleil se couche dans des volutes de fumées. La nuit promet d’être agitée.


Jeudi 5 juillet, les proches d’Aboubakar organisent une marche blanche qui partira à 18h de la rue des Plantes. Les organiseurs appellent au calme pendant le défilé.

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