Cela fait aujourd’hui exactement 74 ans. Le 19 août 1944, le peuple de Paris menait la dernière grande insurrection qu’ait connu la France, pour se libérer du nazisme sans attendre.
Depuis le mois de juin et le débarquement allié, l’avancée des troupes de libération est suivie avec attention et impatience, dans un pays occupé et affamé par la guerre. À Paris, la Résistance est pauvrement équipée mais enthousiaste. Les victoires alliées suscitent une effervescence politique et sociale. Dans la capitale, les cheminots se mettent en grève le 10 août, suivis par les travailleurs du métro. Ils seront rejoints par les postiers. La police elle même, sentant le vent tourner après avoir massivement collaboré, se met en grève. Le 15 août, la CGT déclare la grève générale. Elle est effective le 18 août, et suivie par d’autres ouvriers de la ville. Petit à petit, Paris est paralysé. Des escarmouches armées ont lieu à Paris et dans sa banlieue. La peur change de camp : des troupes nazies et des collaborationnistes français commencent à fuir vers l’est. Des mairies sont reprises à l’occupant.
Un dirigeant communiste et résistant décrit l’ambiance : «nous sentions de plus en plus d’agitation dans la population, des manifestations étaient organisées ou avaient spontanément lieu dans les rues, dans les cafés, dans les entreprises». Ainsi, le 19 août 1944, le Comité parisien de Libération, appelle à l’insurrection générale. Le soulèvement déborde les forces constituées de la résistance, communistes et gaullistes, et devient une insurrection populaire. La ville se couvre de barricades. Des affrontements meurtriers éclatent dans tout Paris, interrompus par quelques cessez le feu.
Paris est libérée par elle même, sans attendre les troupes alliées, le 23 août. Après les révolutions de 1789, 1848 et la Commune de Paris en 1871, la ville vient de connaître son dernier grand moment de soulèvement populaire, peuple en arme et barricades.
Les images de femmes, d’hommes et d’enfants derrière des barricades rappellent aussi fortement celles des rues de Barcelone en 1936. La révolution espagnole trahie et assassinée quelques années plus tôt, avec la complicité des démocraties. Beaucoup de réfugiés espagnols participent à la Résistance en France.
Cette insurrection, malgré sa courte durée, est cruciale. Le rapport de force populaire apporté par ce soulèvement, la puissance militaire des forces de résistances communistes et le discrédit énorme qui touche les patrons, presque tous impliqués dans la collaboration avec les nazis, permettent d’imposer le programme du Conseil National de la Résistance. Un programme intitulé «les jours heureux», qui comprend un «plan d’action immédiat» : la sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des «féodalités économiques», le droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles. À l’époque, tout le monde s’accorde à dire que la lutte contre le fascisme, passe par le progrès social.
Aujourd’hui, le gouvernement Macron incarne l’opposé des idéaux de la résistance. Il massacre méthodiquement, avec le MEDEF, ce qui reste du programme du CNR, arraché par la résistance antifasciste. Et il organise la montée l’extrême droite, qui lui permet à la fois de mater les contestataires dans les rues tout en maintenant le chantage électoral dans les urnes.