Sélection, privatisation, explosion des frais d’inscription. Après avoir imposé une sélection à l’entrée des facs, le gouvernement Macron, dans sa fuite en avant ultra-libérale, décide de mettre un terme définitif à l’université publique. Un coup de grâce qui vient conclure plus de dix ans d’attaques contre l’enseignement supérieur et les étudiants.
En 2007, la Loi LRU était lancée par le gouvernement Sarkozy. Elle permettait notamment l’apport de fonds d’entreprises privées dans les filières, et l’intervention de patrons venus du privé au sein même de la gestion des universités. Depuis, on a pu voir des amphithéâtres privatisés par des grandes entreprises pour des séminaires, ou des master sponsorisés par des multinationales, entre autres. À l’époque, cette loi avait provoqué deux années de luttes dans les facs, avec plusieurs mois de blocages en 2007 et 2008, marquées par une très forte répression et l’inflexibilité du gouvernement de Nicolas Sarkozy. A partir de 2012, le gouvernement de François Hollande validait les choix de son prédécesseur, allant un un peu plus loin dans cette direction avec la Loi Fioraso. Les effectifs d’enseignants ont beaucoup baissé, des filières «non rentables» ont disparu, certains cours ont été «mutualisés», les universités ont «mis en commun» certains enseignements, donc fermé des facs par endroits.
C’est dans ce climat déjà peu brillant que Macron intervient. Au printemps 2018, il instaure la «sélection à l’université». C’est la fin d’un principe fondamental de l’université : l’accès aux études supérieures pour tous les diplômés du Bac. Grâce à un algorithme informatique, les bacheliers sont acceptés ou recalés des formations auxquelles ils auraient normalement eu accès par le passé. Des dizaines de milliers de lycéens se retrouvent sans solution. Des mouvements ont lieu, ici encore, férocement réprimés, avec des attaques policières au sein même des facs. Des enseignants qui soutiennent le mouvement reçoivent des sanctions administratives.
Nous apprenons depuis quelques jours que le gouvernement veut amplifier considérablement les attaques contre les étudiants. Il y a deux jours, le premier ministre annonçait une augmentation drastique des frais d’inscription pour «les étudiants étrangers». Une mesure discriminatoire. Les étrangers devront payer une année de licence près de 3000 euros, et l’année de master près de 4000 euros. Cette explosion des frais d’inscription exclura de fait l’ensemble des étudiants étrangers non fortunés, ne venant pas de pays riches. C’est l’objectif affiché. Certains, déjà étudiants en France, seront contraints d’arrêter leurs études en cours de route faute de moyens.
Aujourd’hui, la cours des comptes va encore plus loin, et recommande de mettre fin à la «quasi gratuité» des études. Les «experts» recommandent une augmentation de «297%» des frais en master. Une multiplication par trois. Alors que l’accès à l’emploi – en particulier dans la fonction publique – réclame de plus en plus souvent un niveau master. Déjà, plus de la moitié des étudiants travaillent pour financer leurs études. Une augmentation des frais les exclura mécaniquement.
L’enjeu est clair : renforcer l’exclusion des classes populaires des universités. Mais aussi aligner les progressivement facs françaises sur le modèle américain, avec des université privatisées, extrêmement coûteuses, pour lesquelles les étudiants devront s’endetter pour des années. Une décision à mettre en parallèle avec la baisse des APL, qui impacte en premier lieu les étudiants.
Voilà le monde de Macron. Un monde d’une violence inouïe contre la jeunesse. Il y a encore quelques années, le dixième de telles mesures aurait mis des millions de personnes dans les rues. Révoltons-nous !
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