Pour l’anniversaire de la mort de Louis XVI, Macron invite les patrons à Versailles
Le 8 mai 2015, Emmanuel Macron, ministre mais pas encore candidat à la présidentielle, déclare lors d’un déplacement à Orléans : «il nous manque un Roi». Aujourd’hui, il est au pouvoir. Ce 21 janvier 2019, en pleine vague de révolte, pour le jour anniversaire de la décapitation de Louis XVI, que fait Macron ? Il invite 150 grands patrons au Château de Versailles ! Une provocation historique. Un choix symbolique assumé par le pouvoir. Ce président règne sans partage sur la Ve République, au service des plus riches.
Il y a 150 ans, Marx et Engels décrivaient les sociétés capitalistes comme des sociétés où l’on avait détruit «tous les liens complexes […], pour ne laisser subsister d’autre lien que le froid intérêt», «les eaux glacées du calcul égoïste». Macron réalise la synthèse entre l’Ancien Régime et le néo-libéralisme. Il est l’incarnation d’un capitalisme autoritaire, aux références monarchiques.
HUMILIER LES PAUVRES
50.000 euros de vaisselle pour l’Élysée, 78.000 euros de produits cosmétiques. Des dépenses obscènes, accompagnées de provocations sur «le pognon dingue» dépensé pour les minima sociaux et d’insultes contre les pauvres qui «déconnent». Les dernières humiliations publiques en marge d’un «grand débat» qui n’est qu’un grand monologue spectaculaire s’inscrivent dans la continuité d’une série d’insultes contre le peuple : «illettrés», «fouteurs de bordel», «fainéants», «lâches» ou encore «professionnels du désordre». On se souvient de cette scène médiatisée d’un ancien combattant au printemps dernier, serrant la main du président, lui demandant : «soyez très ferme avec ces gauchos de la politique qui foutent la merde». Et Macron de répondre avec un sourire carnassier, en pleine grève des cheminots et répression des étudiants : «ne vous inquiétez pas, regardez moi faire». C’était un avant goût de la répression contre les Gilets Jaunes.
TOUT DONNER AUX RICHES
Alors qu’il piétine les plus pauvres, Macron offre des milliards d’euros aux grands patrons, à base d’exonérations fiscales et de suppressions des droits sociaux. Ces cadeaux s’accompagnent d’agressions sans aucun complexe contre les droits des chômeurs et d’attaques contre les allocations destinées aux plus pauvres. Un exemple frappant : le gouvernement souhaite diminuer la pension de réversion, c’est-à-dire la somme versée à une veuve pour compenser l’appauvrissement provoqué par le décès de son conjoint. Macron ne se cache même pas de voler aux pauvres pour donner aux riches. Il attaque littéralement la veuve et l’orphelin.
Avec une arrogance incroyable, il invite en pleine crise sociale, les plus riches parmi les riches, dans le somptueux château de Versailles. Symbole de la monarchie absolue. Macron, c’est la caricature du Shérif de Nottingham.
ÉCRASER LES CONTESTATIONS
Macron veut absolument montrer aux plus pauvres qu’ils doivent se taire. Il organise l’impuissance. Alors que le gouvernement répétait qu’il «n’y a pas d’argent magique» et qu’il fallait faire des économies, il dépensait au printemps dernier plus de 5 millions d’euros pour envoyer des blindés, des hélicoptères et des milliers de gendarmes pour détruire des cabanes sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. «L’État de droit a un coût mais il n’a pas de prix» entendait-on.
En décembre 2018 et janvier 2019, le même gouvernement, plutôt que d’écouter l’immense détresse sociale qui s’exprime dans les rues, préfère utiliser des dizaines de millions d’euros pour écraser dans le sang les manifestations de Gilets Jaunes. Blindés, armes de guerre, nouveaux fusils, dizaines de milliers de grenades, dispositifs policiers inédits. En période d’austérité généralisée, il y a toujours de l’argent pour la répression. Ce gouvernement ne négocie pas, il agresse, par tous les moyens. Les «partenaires sociaux» sont ouvertement méprisés. L’époque a changé, on ne s’embarrasse même plus de simulacre de «dialogue social». Depuis des mois, c’est une véritable opération contre-insurrectionnelle, qui tire partie de la communication médiatique, des divisions entre les opprimés, et de la brutalité inédite de la force policière. Dans l’antiquité, les généraux de Rome, revenaient après avoir maté les provinces «barbares» des confins du territoire. Aujourd’hui, la garde prétorienne tire dans le visage de manifestants, arrache des mains, et rafle préventivement des centaines d’opposants. Elle est félicitée chaque semaine par le gouvernement, et reçoit des primes en guise de remerciements.
«La première condition de la paix sociale est que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance», écrivait l’auteur d’extrême droite Maurice Barrès il y a cent ans. Une réflexion qui pourrait résumer à elle seule le programme politique du gouvernement Macron. Les milliers de garde à vue, de peines de prison, la liste infinie des mutilations : c’est le bilan d’une séquence où plus aucune expression contestataire, même la plus anodine, n’est tolérée.
Macron est bien l’incarnation d’un capitalisme violent et autoritaire mêlé d’influences monarchiques, sur fond d’anéantissement des contre-pouvoirs. En faisant le vide autour de lui, en hurlant «venez me chercher», le président pose finalement une équation simple : son pouvoir contre la rue. Et entre les deux : la police.