Gouverner par le Flash-Ball et les fake news
«On va être très clair, s’il faut dire la vérité aux français, ça veut dire 10 ans de sang et de larmes.»
Nous sommes sur un plateau télé le 2 avril. C’est ce que déclare, le plus sérieusement du monde, le député En Marche Patrick Vignal. À travers cette déclaration en forme d’aveu, il compte défendre la nouvelle conseillère de communication de l’Élysée, qui avait dit qu’elle «assume totalement de mentir pour protéger le Président».
Mais le sang coule déjà. Les larmes aussi.
Les images de visages mutilés, de mains arrachées, de pieds décharnés ont envahi les réseaux sociaux depuis des semaines. Ces images resteront les illustrations du règne de Macron : celle d’un régime qui déploie contre sa population des armes de guerre pour la faire taire.
Cette répression militarisée, qui frappe les corps, ne constitue qu’une partie de l’arsenal utilisé par le gouvernement pour se maintenir au pouvoir. Son autre arme : c’est le mensonge. Encore et encore.
Le mensonge originel de ce gouvernement, c’est son élection même. Macron, élu uniquement pour faire «barrage à l’extrême droite», a immédiatement appliqué le programme du Front National : traque des exilés, guerre aux pauvres, répression débridée, déclarations racistes, état policier.
Depuis, c’est la fuite en avant. Rien que ces derniers jours, une succession de mensonges d’État donne le tournis.
Premier mensonge : celui, coordonné, autour de la blessure gravissime de Geneviève Legay, à Nice, il y a 10 jours. Cette retraitée avait été poussée avec une brutalité inouïe par des policiers. Tombée au sol, victime de multiples fractures du crane, elle avait frôlé la mort. Le préfet, le procureur, les policiers, et même Macron en personne avaient immédiatement menti pour couvrir cet acte abject : la septuagénaire serait «tombée toute seule», elle n’aurait «pas été bousculée», elle aurait manqué «de sagesse» ! Une semaine après, suite aux nombreux témoignages et vidéos, les autorités sont forcées de le reconnaître : c’est bien la police qui a mis dans le coma une vieille dame pacifique. C’est un mensonge d’État.
Deuxième mensonge. La même semaine, un conseiller du président, Ismaël Emelien, est invité sur les plateaux télés. Il avait publié anonymement, sur Twitter, des vidéos trafiquées au moment où avait éclaté l’affaire Benalla, pour salir les victimes et disculper l’ami de Macron, qui avait tabassé des manifestants, déguisé en policier. Des méthodes de barbouze minable. À présent dans les médias, le même stratège du pouvoir, pris au piège, assène qu’il « ne savait pas » que ces vidéos étaient truquées. Nouveau mensonge d’État dans une affaire déjà tentaculaire à tous les niveaux.
On pourrait multiplier les exemples à l’infini. Par exemple lorsque le ministre de l’intérieur affirme, contre toute évidence, que la police «n’attaque pas les manifestants». Ou quand Macron lui même, en Belgique, affirmait la même chose avec aplomb à un étudiant qui l’interrogeait sur les grenades explosives jetées par la police française.
Chaque semaine, de nouvelles violences. De nouvelles contre-vérités. Chaque semaine, le pouvoir en place apparaît pour ce qu’il est : un clan qui ne règne que par la peur et le mensonge.
Chaque semaine, on ne peut que se demander comment Macron pourrait finir son mandat.