Exilés à Nantes : «Liberté et dignité !»


Privés de toit et de solution d’avenir par les autorités, ils manifestent chaque mardi dans le centre-ville


Depuis des mois, des centaines d’exilés survivent dans un gymnase glacé de Saint-Herblain. Une solution précaire et indigne, alors que les pouvoirs publics ont expulsé de nombreux bâtiments vides qui avaient été réquisitionnés ces derniers mois, pour en faire des abris. La mairie avait même expulsé plusieurs squares où campaient les réfugiés. Et utilisé des engins de chantiers pour détruire le sol et rendre ces endroits invivables.

C’est donc dans un vieux gymnase désaffecté, appartenant à l’Église, situé en périphérie de Nantes, que se sont retrouvés les exilés pendant l’hiver. À présent, la Justice autorise l’expulsion du lieu à partir du 9 juin. Sans solution, sans avenir, entre 2 et 300 exilés ont manifesté une première fois mardi 30 avril, devant la préfecture et dans les rues de Nantes. Depuis, ils reviennent tous les mardis dans le centre ville, pour réclamer liberté et dignité. Les revendications sont les mêmes chaque semaine : la fin du harcèlement policier, la liberté de circulation, l’accueil et la régularisation des sans-papiers. Mais aussi le retrait du règlement de Dublin qui fiche les demandeurs d’asile et les force à rester dans le premier pays européen où sont sont arrivés, et le retrait de la loi Asile et Immigration, une mesure ultra-répressive contre l’immigration votée par Macron et l’extrême droite.

À partir du 9 juin, c’est donc l’incertitude. Des centaines d’hommes, de femmes et parfois d’enfants risquent de se retrouver totalement à la rue. Selon nos informations, le diocèse avait pourtant proposé une solution de relogement : installer les sans-logis dans une ancienne école privée, abandonnée, Notre-Dame-du Bon Conseil située au cœur de Nantes. Un bâtiment idéal. Mais la mairie de Nantes, socialiste, compte y implanter des milliers de mètres carrés de surface commerciale, pour le plus grand profit des spéculateurs, des marchants, des promoteurs. Les élus ont donc fait pression sur le diocèse et les associations pour faire annuler cette proposition. Aujourd’hui, le bâtiment, toujours vide, s’apprête à être transformé en grand centre commercial !

Une militante impliquée de longue date dans l’accueil des exilés témoigne : «Je suis bien dégoûtée par la situation, 200 personnes ont passé l’hiver dans un gymnase froid et insalubre, alors qu’il y a un immense bâtiment vide juste à côté, sans même parler de l’école Notre-Dame qui aurait pu être ouverte dès Noël !»

Mardi dernier, les exilés étaient encore quelques dizaines à scander «Liberté !», devant la préfecture. Entourés de policiers cagoulés et armés.


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