Qui a tué Steve ?


«Il ne peut être établi de lien entre l’intervention des forces de police et la disparition de Steve Maia Caniço», Édouard Philippe, Premier Ministre, 30 juillet.


Le corps de Steve reposait depuis 38 jours dans le lit de la Loire, à quelques mètres seulement de la terrible charge policière du 21 juin. Juste en contrebas de la grande grue jaune, des jeux d’enfants et des attractions touristiques de l’île de Nantes. C’est un bateau navette de transport en commun qui l’a retrouvé. Ce sont les Nantais qui l’on retrouvé. Pas les autorités qui étaient chargées de le faire depuis des semaines.

À Nantes, en 2019, la police blesse et tue des personnes qui dansent, le soir de la fête de la musique. Le pouvoir est en guerre contre la jeunesse. Contre la fête. Contre la joie. Contre la lutte. Contre la vie même.

Aujourd’hui, on ne peut que s’incliner face à l’immense douleur de la famille et des amis du défunt, et espérer qu’ils puissent trouver des réponses.

Ce mardi 30 juillet, à 16h20, le premier ministre Édouard Philippe intervient sur les écrans. Toute honte bue, dans une intervention laconique sur un ton monocorde, il assène : «Il ne peut être établi de lien entre l’intervention des forces de police et la disparition de Steve Maia Caniço». Un nouveau mensonge d’État. Un crachat au visage des proches du défunt. Un mensonge auquel personne ne croit, pas même le gouvernement.

Qu’est-ce qui aurait pu pousser un jeune de 24 ans à se jeter dans l’eau noire et glacée d’un fleuve dangereux, au moment d’une charge policière, alors qu’il ne sait pas nager ? Quoi, sinon l’attaque de la police ?

C’est la question qui se pose à présent : qui a tué Steve ? Les responsabilités sont multiples.

  • La BAC de Nantes et la Compagnie Départementale d’Intervention. Ces agents ont tiré, tabassé, gazé, insulté les jeunes qui dansaient. Provoquant des chutes dans la Loire. Comme dans un état second, grisés par leur violence, ils ont continué à tirer alors même que plusieurs personnes leur hurlaient «il y a des gens dans la Loire». À aucun moment ils n’ont été en danger. Une fois leur forfait commis, ils sont repartis. Laissant derrière eux une foule en état de choc, des blessés, et un mort.
  • Grégoire Chassaing, commissaire notoirement connu pour la répression féroce qu’il mène à Nantes, et son engagement à l’extrême droite. Il a donné l’ordre de charger. Juste après qu’un DJ ait commis le crime de passer une ultime chanson hostile au Front National.
  • Claude d’Harcourt, préfet de Nantes, en poste depuis moins d’un an. Il a réprimé les manifestations avec une violence inouïe et a insulté les jeunes danseurs du quai Wilson dès le lendemain de la disparition de Steve, dans les médias.
  • Christophe Castaner, ministre de l’intérieur, qui a les mains couvertes de sang. Du sang de la jeunesse, du sang des Gilets Jaunes, du sang des habitants des quartiers. C’est lui qui donne, depuis des mois, carte blanche et impunité totale à une police ultra-violente.
  • Le pouvoir en place, qui ne se maintient plus que par la force brute d’une police surarmée.

Ces gens, du bas en haut de la chaîne de commandement, sont responsables. Ils portent aussi la responsabilité de la mort de deux autres nantais, Aboubakar et Abou, tués il y a quelques mois seulement dans la seule ville de Nantes ! L’institution judiciaire, et l’impunité qu’elle organise, est elle aussi largement responsable de la disparition de Steve.

Justice !

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