Est-ce que Claude d’Harcourt va bien ?


Périple et exploits du préfet qui menace les nantais


Le 21 juin 2019, la police nantaise attaque à coup de grenades, des centaines de personnes qui font la fête au bord de la Loire. 14 personnes son repêchées dans le fleuve, et Steve, 24 ans, est porté disparu. Il sera retrouvé noyé un mois plus tard.

Derrière les matraqueurs, un responsable. Un chef qui a donné carte blanche à ses hommes. Le préfet de Nantes : Claude d’Harcourt. Tout le monde s’accorde à dire que l’homme est d’une brutalité hors du commun. Deux jours seulement après la disparition de Steve, ce préfet n’aura pas un mot d’excuse, ni même une pensée pour la famille de celui qui est porté disparu. Seulement des insultes contre les fêtards qui ont été violentés, et des menaces contre les organisateurs de la soirée. Plus d’un mois après, le même préfet lance à nouveau des menaces gravissimes contre les nantais qui souhaitent manifester en hommage à Steve. Portrait d’un préfet :


Claude d’Harcourt est d’abord l’héritier d’une longue lignée de la noblesse française. La maison d’Harcourt débarque tout droit de l’Ancien Régime avec ses titres, charges, châteaux et baronnies. Issu de l’aristocratie, Claude d’Harcourt appartient à la noblesse d’État. Il est énarque, d’abord proche des milieux sarkozystes, et propulsé préfet par Macron. Il prend ses fonctions le 7 novembre 2018 à Nantes, et promet, de façon toute chevaleresque, un maintien de l’ordre encore plus violent que ses prédécesseurs.

Il tient sa promesse. Dès les premières manifestations, il déploie des dispositifs policiers délirants : trois fois plus d’agents que de manifestants. Dans les semaines qui suivent, Claude d’Harcourt promet « la plus grande fermeté » contre les Gilets Jaunes. Et dès le 17 novembre, il met un point d’honneur à contraindre et empêcher toute expression collective. En quelques mois, son bilan est édifiant : plusieurs centaines de blessés, plus de 300 garde à vue, et un jeune qui frôle la mort le 29 décembre, après avoir un tir de LBD en pleine tête. Tout cela, Claude d’Harcourt l’assume noblement, sans ciller. Au mois d’avril 2019, Claude d’Harcourt soutiendra sans réserve les forces de l’ordre lorsqu’elles noient la fête foraine sous les lacrymogènes, asphyxiant familles et enfants. Il se félicite même du nombre «particulièrement élevé» d’arrestations à Nantes.

C’est logiquement que Claude d’Harcourt défend l’attaque de la fête de la musique. Il déclare à la presse, deux jours après le drame : «Les forces de l’ordre interviennent toujours de manière proportionnée. Mais face à des individus avinés, qui ont probablement pris de la drogue, il est difficile d’intervenir de façon rationnelle». Dans la foulée, il promet même «des poursuites». Pas contre les policiers, mais contre les fêtards.

Avant Nantes, Claude d’Harcourt est à la tête des hôpitaux de Marseille. Les témoignages des personnes qui ont travaillé sous ses ordres sont terrifiants : mutations forcées, brimades, dépressions. Les témoignages du site Marsactu sont accablants. «Des réflexions blessantes voire insultantes et des comportements assimilables à du harcèlement moral», «le directeur est arrivé avec des objectifs à atteindre et a mis beaucoup de pression». Un syndicaliste parle même avoir envisagé un «droit de retrait dans certains services pour danger grave et imminent». Dans la bouche des travailleurs hospitaliers, les mots «nocivité, agressivité, humiliations» reviennent en boucle à propos de Claude d’Harcourt. «Les agents comme des membres de l’encadrement viennent travailler la boule au ventre», subissent des «propos blessants, volontairement humiliants, devant témoins» et «d’une brutalité psychologique assumée». «C’est un régime de la terreur. Le directeur a mis en place une forme de réseau de délation […] C’est quelqu’un qui humilie les autres et prend plaisir à le faire. Il a un comportement sadique».

Le 2 août 2019, alors que l’émotion est immense dans toute la France, et en particulier à Nantes, depuis la découverte du corps sans vie de Steve, Claude d’Harcourt, choisit l’escalade. Il «interdit tout rassemblement dans une bonne partie du centre-ville samedi», jour d’hommage au jeune nantais. Il justifie sa décisions par des fantasmatique «groupes d’activistes qui veulent en découdre avec les forces de police». Et promet un «dispositif important» : «nous ne donnons pas le détail des moyens dont nous disposons, mais je peux vous dire que nous aurons les moyens de faire face à ces fauteurs de trouble. Le ministère de l’Intérieur nous a donné ce dont nous avons besoin».

Dans un pays dirigé par un banquier, il n’est pas étonnant que les préfectures soient dirigées par des managers, insensibles à la souffrance.


Sources :

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