Les médias en ont fait le feuilleton de l’été : un homme volant, qui traverse la Manche sur un engin futuriste. Les images sont marquantes, l’exploit est incontestable.
Mais le fameux «flyboard air» fonctionne en brûlant de grandes quantités de kérosène. Il n ‘a qu’une autonomie d’une dizaine de minutes. Les 35 kilomètres de la traversée ont été interrompus par une halte à mi-chemin pour ravitailler l’engin. Environ 80 litres ont été consommés : plus de 2 litres par kilomètre. Les images futuristes des films de science fiction sont en fait anachroniques. Car pendant ce temps, la planète brûle.
Panorama du mois d’août 2019 :
RECORD
«Le mois de juillet 2019, marqué par une canicule exceptionnelle en Europe, a été le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde». Au-dessus du mois de juillet 2016, annoncent les météorologues. «Avec la poursuite des émissions de gaz à effet de serre et l’impact sur l’augmentation mondiale des températures, des records continueront à être battus» insiste un expert. Les températures ont également été très élevées en Alaska, au Groenland et dans certaines parties de la Sibérie, ou certaines régions de l’Antarctique. «L’année 2019 a été très chaude jusqu’ici. Tous les mois de 2019 se classent parmi les mois les plus chauds, et juin 2019 a été le mois de juin le plus chaud jamais mesuré». Nous vivons donc un été «record», avant le prochain, et le suivant. Il n’y aura donc plus de «records» de chaleurs ou de sécheresse. On ne considérera plus ces pics caniculaires comme des «évènements exceptionnels» : c’est juste la nouvelle norme.
SIBÉRIE
Nous sommes habitués à voir des incendies ravager des forêts dans le sud de l’Europe, ou dans les régions chaudes des États-Unis. Mais le feu fait aussi rage en Sibérie, au nord de la Russie. «D’après Greenpeace, 13,1 millions d’hectares sont déjà partis en fumée depuis le début de l’année, soit la taille de la Grèce» Les incendies dans la taïga russe prennent cette année une ampleur inhabituelle, poussant Vladimir Poutine à faire intervenir l’armée. 4 millions d’hectares sont encore touchés par des incendies. Ils sont provoqués par des orages secs et une chaleur de 30°C. Ils ont propagés par des vents forts, affectant les régions voisines. Ces feux risquent d’accélérer la fonte des glaces de l’Arctique et plus globalement le réchauffement climatique. La fumée de ces incendies géants envahit depuis des semaines «non seulement une centaine de localités dans les régions où sont concentrés les incendies et où l’état d’urgence a été mis en place, mais aussi les grandes villes des régions de Tomsk et de l’Altaï».
BANQUISE
La fonte des glace s’accélère, bien au delà des prévisions les plus alarmistes. «Le Groenland vient de connaître les taux de fonte parmi les plus élevés de tous les temps». Avec la fonte de plus de 11 milliards de tonnes de glace en une seule journée, uniquement le1er août ! Pour le seul mois de juillet, la calotte a perdu 160 milliards de tonnes de glace dues la fonte de surface. La «Summit station», le point culminant du Groenland, qui domine la calotte glaciaire à 3000 mètres d’altitude, a mesuré le 30 avril la température la plus élevée de son histoire : -1,2 °C. Une telle fonte n’était pas prévue avant 2050.
«100 FOIS PLUS VITE QUE PRÉVU»
Les scientifiques ont découvert une nouvelle méthode pour mesurer la fonte des glaciers sous le niveau de la mer. Elle a permis d’aboutir à une découverte surprenante : «certains glaciers fondent cent fois plus vite que ne l’avaient prévu les scientifiques» en Alaska. Ces experts «ont découvert qu’en réalité, la fonte de ces glaciers était radicalement différente des théories établies». Le réchauffement climatique accélère le recul des glaciers à travers leur fonte en surface mais également à travers leur fonte sous-marine. Les «glaciers sont bien plus sensibles aux changements océaniques que nous ne l’avions imaginé».
Source : https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2019/07/en-alaska-la-partie-submergee-des-glaciers-fond-100-fois-plus-vite-que-prevu
BARILS TOXIQUE
Le Groenland est vu comme une terre immaculée et scintillante de glaces. En réalité, on peut y trouver des «milliers de barils oranges rouillés qui jonchent l’île d’Ikateq». Il s’agit de souvenirs toxiques de la deuxième guerre mondiale. Les restes d’une base américaine établie en 1941 par la U.S. Air Force. «Selon un homme qui aurait servi sur cette base, l’armée américaine a laissé des bâtiments en ruines remplis d’amiante, d’innombrables barils de kérosène au plomb, des camions en métal oxydés et peut-être même des centaines de caisses de dynamite prêtes à exploser».
«Cela a été un choc de constater la quantité de débris et le fait qu’ils soient toujours là, 70 ans plus tard», explique un observateur.
PÉNURIE D’EAU
La chaleur et l’exploitation intensive des ressources en eau provoquent de plus en plus de manques. «La pénurie en eau est la plus grande crise dont personne ne parle», selon le PDG du World Resources Institute, qui vient de publier un rapport sur le sujet. «Près d’un quart de la population mondiale, vivant dans dix-sept pays, est en situation de “stress hydrique très grave”, proche du “jour zéro” lors duquel plus aucune eau ne sortira du robinet». Près des des trois quarts des habitants des pays arabes vivent en dessous du seuil de pénurie. «En 2015, l’Organisation des Nations unies avait expliqué dans son rapport annuel qu’au rythme actuel le monde devrait faire face à un déficit hydrique global de 40% dès 2030».
Ces derniers mois, il semble que tout s’accélère. Les conséquences de la pollution et de la destruction de l’écosystème s’imposent à tous, partout. Il ne reste que quelques années pour sauver ce qui peut l’être, et sortir du capitalisme. L’alternative qui se pose à notre époque est simple : allons nous choisir nos vies, ou leurs profits ?
À (re)lire : les chroniques du désastre du mois de juillet :