«Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution par temps de crise»
Bertold Brecht
Des appels à la guerre civile, des envolées ouvertement racistes, des références ambiguës au nazisme et à «l’extermination», des mots haineux contre les musulmans.
Ces propos de nature fasciste, sont tenus lors d’une «convention» de l’extrême droite à Paris. Dans le public, quelques centaines de personnes, plutôt âgées, des riches, des racistes en costumes. Et surtout une armée de caméras et de journalistes de toutes les rédactions imaginables. Les grands médias choisissent ce jour là d’offrir une publicité inouïe à cette soirée d’extrême droite. Les discours appelant à la violence sont retransmis en direct sur les grandes chaînes d’information. Sans filtre. Du jamais vu. Éléments de compréhension :
- Pourquoi les grands médias décident de faire une promotions aussi énorme de propos sortis tout droit des années 1930 ?
- Ce meeting était-il particulièrement important ?
- Ses participants était-ils nombreux ?
Pas du tout : quelques centaines tout au plus. Beaucoup moins que les manifestations hebdomadaires de Gilets Jaunes, qui sont passées sous silence.
Moins que les mobilisations contre les violences policières, presque jamais abordées dans les médias.
Moins que n’importe quel rendez-vous de parti, d’association, ou de syndicat dont personne ne parle.
Les médias choisissent donc de valoriser à outrance les groupuscules les plus à droite. De les faire passer avant tout le reste.
Les chaînes possédées par les milliardaires misent donc sur le fascisme
Les médias français n’ont jamais été concentrés entre si peu de mains.
Le vendeur d’armes Dassault, le magnat du luxe Bernard Arnault, le destructeur de forêts Bolloré… une dizaine de patrons richissimes possèdent la totalité du paysage audiovisuel français.
Ces ultra-riches, tous proches du pouvoir, décident de promouvoir l’extrême droite radicale. LCI et BFM diffusent en direct les appels à la guerre civile d’un chroniqueur qui vient d’être condamné pour «provocations à la haine raciale».
Le même chroniqueur est grassement payé par la chaîne Cnews pour animer une émission quotidienne. Cet individu qui n’a pas d’autre talent que son racisme maladif, avait été propulsé il y a 10 ans par le service public, dans une émission à grande audience. Lors du meeting parisien, l’héritière du clan Le Pen annonce fièrement, toujours en direct : «demain, nous serons au pouvoir».
Elle sait que les médias font campagne pour elle.
Ce sont ces chaînes, ces journaux, qui ont méthodiquement fabriqué Macron alors qu’il était presque inconnu. Qui l’ont porté au pouvoir en 2017.
Ces mêmes médias qui diffusent à présent les discours fascistes.
Ce choix est délibéré. Il faut construire un tandem mortifère : Le Pen et Macron.
Ne laisser la place dans le débat public qu’aux idées de droite et d’extrême droite. Il n’y a plus qu’un pouvoir ultra-libéral et policier face à un partir ultra-libéral et encore plus policier. Cette opération passe par la destruction systématique des contre-pouvoirs. Diabolisation des Gilets Jaunes et de «l’ultra-gauche», fantasmes sur les «black blocs», invitations quotidiennes de policiers, reportages anxiogènes.
Cela passe aussi par des campagnes de dénigrement régulières contre Mélenchon, présenté comme un enragé «radical», alors qu’il propose un programme modéré, qui aurait été classé au centre-gauche il y a 20 ans.
Les médias tirent délibérément tout l’échiquier politique à l’extrême droite, en imposant les thèmes, l’agenda et les figures les plus réactionnaires.
Ces choix ont des conséquences concrètes gravissimes
Les thématiques racistes mises en valeur par ces médias tuent.
En 2011, un militant d’extrême droite exécutait 77 personnes en Norvège au nom de la «croisade» contre l’Islam. En mars dernier, un néo-nazi tuait 51 personnes en Nouvelle Zélande, au nom des idéologues français du «grand remplacement» – régulièrement invités dans nos médias.
En France, les agressions racistes se multiplient, portées par le climat créé par LCI et BFM. Ces médias ont du sang sur les mains. Ils portent une responsabilité énorme dans les violences commises par l’extrême droite, hier, aujourd’hui, et demain.
Il faut arrêter de faire peser la responsabilité de la montée de l’extrême droite sur les classes populaires
Les classes populaires manifestent depuis un an dans les cortèges de Gilets Jaunes pour réclamer la justice sociale, pour simplement vivre dignement.
En réponse, elles se font arracher les yeux, les mains, et jeter en prison.
À la «convention de l’extrême droite», il y avait uniquement des grands bourgeois, des politiciens, des costards et des éditorialistes richissimes.
Qu’on se le dise, que personne ne l’oublie : en France, ce sont les élites qui portent le fascisme au pouvoir. La bourgeoisie sait qu’une dictature saura protéger ses intérêts. Elle l’encourage.