Né le 4 octobre 1816 à Paris et mort le 6 novembre 1887, Eugène Pottier est un triple révolutionnaire, goguettier et auteur des paroles de “L’Internationale“.
Dessinateur sur étoffes de profession, Eugène Pottier le goguettier compose sa première chanson en 1830. Son titre décrit le reste de sa vie : “VIVE LA LIBERTÉ”
La première révolution
Alors apprenti dessinateur sur étoffes, Pottier a quatorze ans lorsque éclate la révolution de 1830. «C’est un premier coup de tam-tam qui m’éveille», racontera-t-il.
La révolution industrielle est meurtrière pour les classe populaire comme le relate ce témoignage :
“Je suis chevilleur. Je gagne 2 francs par jour.
Ma femme est dentellière et gagne 1 franc par jour.
J’ai 4 enfants, l’aîné a 10 ans.
On mange 24 kg de pain par semaine 5,40 f.
La viande est trop chère ;
Nous mangeons que des débris de viande trois fois par semaine 0,75 f.
Mélasse et fruit 0, 80 f
Pommes de terre et haricots 1f
Lait (un demi-litre par jour) 0,50 f
Loyer (j’habite une cave à 3 m en dessous du sol) 1,50 f
Charbon 1,35 f
Savon et éclairage 1,10 f
Malgré notre travail, nous vivons en mendiant, ce que la loi interdit.”
Témoignage cité par Auguste Blanqui, 1848
Comme Macron en 2019, le roi gouverne par ordonnances. En 1830 c’est encore une goutte d’eau qui fait déborder le vase déjà rempli de misère. La droite légitimiste a perdu les élections. Le roi réagit en promulguant des “Ordonnances nécessaires à la sécurité de l’État” :
- Toute publication (journal, brochure…) doit passer par la censure et obtenir un accord officiel de droit à paraître
- La Chambre des députés est dissoute
- La loi électorale est modifiée pour avantager les grands propriétaires terriens
La colère éclate à Paris est les barricade de la colère se forment. Après 3 jours de bataille au prix de 800 victimes, le roi Charles X abdique. Eugène Pottier vit alors l’expérience incomparable d’une révolution réussie, portant l’espoir d’un monde meilleur.
C’est là qu’il fredonne sa première chanson intitulée “Vive la liberté”.
Les 27, 28 et 29 juillet 1830 : les “3 Glorieuses” d’une révolution réussie puis confisquée par la bourgeoisie. Alexendre Dumas dira : “Ceux qui ont fait la révolution de 1830 sont les mêmes hommes qui, deux ans plus tard, pour la même cause, se firent tuer à Saint-Merry”.
Le roi Charles X laisse sa place à un autre roi. Le Duc d’Orléans devient Roi des français, Louis-Philippe 1er.
La deuxième révolution
Eugène Pottier participe à la Révolution de février et juin 1848 aux côtés des ouvriers parisiens.
«1848 m’ouvrit le cœur et le cerveau» dira-t-il. La répression sanguinaire commence en juin de la même année et, avec elle, la retombée de la combativité populaire et même de la conscience de classe.
Pottier se décrit comme «traînant une névrose ponctuée de congestions cérébrales». Les trois journées de février, du 22 au 24, font 350 morts et au moins 500 blessés. Les journées de Juin du 22 au 26, feront 3000 à 5000 morts, 25.000 prisonniers dont 1500 fusillés et 11.000 emprisonnés.
1871 : La Commune de Paris
En juin 1871, après le massacre de la Commune de Paris par les troupes versaillaises d’Adolphe Thiers, Eugène Pottier écrit les paroles de l’Internationale. Il s’était rallié avec enthousiasme au mouvement révolutionnaire parisien du 18 mars 1871.
Dès le 16 avril, il est élu membre du Conseil de la Commune pour le 2e arrondissement de la capitale. Il en devient Maire de mars 1871 au 28 mai 1871. Il conjugue l’action politique et l’action militaire en combattant sur les barricades.
Eugène Pottier échappe à la répression de la Semaine sanglante, qui fit plus de 20.000 morts dans Paris. Condamné à mort par contumace, il réussit à se réfugier à Londres, puis aux Etats-Unis où il va vivre péniblement “vieux et pauvre”, dira-t-il de lui-même.
L’amnistie de 1880 lui permet de rentrer en France.
Toujours pauvre et malade, sa fougue révolutionnaire est néanmoins intacte. Il le prouve jusqu’à sa mort en 1887 par la parole et sa plume. On lui doit bien sûr l’Internationale, mais aussi des recueils de poèmes.
L’une de ses dernières œuvres s’intitule La Commune n’est pas morte, écrite en 1886.
Eugène Pottier décède le 6 novembre 1887. Lors de ses obsèques, le 8 novembre 1887, une importante manifestation ouvrière, drapeau rouge en tête, malgré la présence de la police, accompagne le vieux lutteur jusqu’à sa dernière demeure.
En 1908, un monument est élevé à Eugène Pottier au Père-Lachaise à Paris où tombèrent, fusillés, tant de Communards.