Libéralisme sauvage et spéculation : les lignes de bus privées profitent du mouvement et brisent la grève
Dans une lutte, il y a celles et ceux qui se battent pour améliorer la situation : les grévistes qui perdent leurs salaires. Et il y a ceux qui profitent de la situation : les «bus Macron», qui utilisent la grève pour spéculer et multiplier leurs tarifs de façon vertigineuse.
Depuis le 5 décembre, un vaste mouvement social secoue la France contre la casse des retraites et contre les politiques néolibérales du gouvernement. Des millions de personnes se sont mises en grève, en particulier dans l’éducation et les transports. À Paris, la plupart des transports en commun sont paralysés, de même qu’à la SNCF, où de nombreuses lignes sont fermées.
Des entreprises en profitent pour engranger des bénéficies juteux sur la «galère» des usagers. Les fameux «bus Macron», ces lignes de car low cost créées par l’actuel président lorsqu’il était ministre de l’économie, contribuent à briser la grève tout en spéculant sur la situation. Depuis le 5 décembre, les modes de déplacement dits «alternatifs» sont pris d’assaut : scooters, trottinettes, covoiturages… et bus privés. La demande explose. Dans le cas les «bus Macron», c’est le libéralisme sauvage, la loi de l’offre et la demande qui règne : plus il y a de demande, plus les tarifs flambent. L’association UFC-Que choisir a passé au crible, un peu avant le 5 décembre, les tarifs proposés par les cars de l’entreprise Flixbus, et pendant le mouvement social. Bilan : 129% de hausse par rapport à la normale. La palme revient aux trajets Paris-Lyon, dont le prix explose de 888%. Le même relevé, réalisé pour un trajet effectué jeudi prochain à la même heure, donne des tarifs encore plus élevés : près de 90 euros. Une flambée facilitée car «seules deux compagnies se partagent le marché : FlixBus et BlaBabus».
Le gouvernement n’a absolument pas l’intention d’encadrer cette spéculation éhontée qui pénalise le plus grand nombre. Au contraire, l’État promeut ces entreprises privées. Le journal L’Humanité révèle que les autorités encouragent l’utilisation de ces modes de transport, notamment à travers des partenariat entre la SNCF et des boites privées. En bref, il s’agit de renforcer le fonctionnement libéral de l’économie, d’affaiblir le secteur public et de saboter les grèves, en même temps.
Des syndicalistes dénoncent une opération «brise-grève». «Si le gouvernement veut que la grève s’arrête, il n’a qu’à abandonner son projet de réforme des retraites et revenir à la table des négociations» explique un militant CGT.
Cette flambée des prix des lignes de bus privés créés par Macron est symptomatique, c’est une illustration. Elle dévoile le monde rêvé par le pouvoir en place : un univers totalement marchandisé, où ne règnent que les lois de l’argent. Un monde où le service public a disparu, et où tout est dicté par les règles du Marché.