5 remarques sur la période qui commence
Le temps s’accélère. Nous sommes le dimanche 15 mars 2020, et depuis minuit, tous les lieux de sociabilité, les lieux publics «non indispensables», sont fermés. La France est confinée. Une décision prise dans l’urgence, annoncée quelques heures seulement avant l’application de cette mesure inédite. 5 remarques :
1 – Il y a plusieurs semaines, la ministre de la Santé répétait que le risque était «quasi nul» pour la France. Il y a une semaine, le ministre de l’Éducation assénait qu’il était hors de question de fermer les écoles. Il y a deux jours, Macron lui même disait «nous ne renoncerons à rien. […] surtout pas aux restaurants, aux terrasses, salles de concert». Il n’y a visiblement plus de pilote à la tête du gouvernement. Soit la gravité du Coronavirus a été cachée malgré les alertes des médecins chinois puis italiens, et c’est criminel. Soit la gravité du Coronavirus est aujourd’hui montée en épingle, et c’est tout aussi grave.
2 – Entre celles et ceux qui dénoncent une gestion autoritaire de la population, et ceux et celles qui réclament des mesures encore plus drastiques, il est dur d’y voir clair pour l’instant. Ce qui est certain, c’est que le système de santé français a été tellement attaqué par les gouvernants qu’il ne peut faire face sereinement à une épidémie. D’ailleurs, depuis des mois, le personnel hospitalier tire la sonnette d’alarme et ne reçoit que du mépris et des gaz lacrymogènes. C’est le grand paradoxe du système capitaliste : les politiques ont sacrifié la santé pour des raisons économiques, mais désormais, c’est une crise sanitaire à laquelle les soignants ne peuvent plus faire face qui menace l’économie.
3 – Malgré le confinement, les enseignants doivent aller travailler dans leurs établissements sans les élèves, le personnel de santé, à bout de force, est en première ligne, le monde ouvrier continue à trimer en usine et sur les chantiers, et le personnel des grandes surface doit faire face à l’afflux massif de clients paniqués. En Italie, plusieurs usines se sont mises en grève pour protester contre ces mesures de confinement à géométrie variable.
4 – Plus insolite, le premier tour des élections municipales est maintenu. D’ors et déjà, 6 présidents de Régions s’opposent au scrutin. Si le vote de demain a bien lieu, il risque d’être marqué par un pic d’abstention. Et il y a fort à parier, si l’épidémie s’étend, que le second tour sera annulé. Nous serions donc le seul pays du monde avec des élections interrompues en cours de route par des dirigeants incompétents.
5 – Le confinement qui commence est inédit. La situation est anxiogène, mais elle va aussi modifier les rapports sociaux, libérer du temps. Profitons-en pour écrire, créer, chanter, dessiner, nous cultiver, échanger, aider nos proches. De notre côté, nous tenterons de proposer des contenus originaux dans les jours qui viennent, dans cette actualité si particulière.