« On ressent une forme d’injustice »
Par les temps qui courent, les actes ignobles ne manquent pas. Certains dénoncent leurs voisins qui ne respectent pas assez le confinement à leurs yeux. D’autres harcèlent ou agressent des infirmières pour qu’elles se barrent de chez elle par peur d’être contaminés, quand ça n’est pas tout simplement des propriétaires qui les mettent à la porte. Certains homosexuels ont aussi été victimes d’une telle furie dans une confusion totale entre pratique sexuelle et possibilité d’être vecteur du virus.
Cette fois-ci l’attaque vient d’une institution d’État et de sa force armée : la gendarmerie. Parce qu’elle était considérée comme une personne « à risques », une infirmière a été forcée de quitter la caserne où elle vivait avec son conjoint, gendarme en Lorraine. En gros, une caserne de gendarmes, « chargée de missions de police et de sécurité parmi les populations civiles » comme disent les textes, s’est estimée à ce point menacée par une infirmière instrumentiste en salle d’opération, qu’elle a forcé l’infirmière à quitter l’endroit où elle résidait avec son conjoint et ses deux petites filles :
« Une fois les mesures de confinement annoncées, on m’a demandé de retourner là où je vivais avant d’habiter en caserne. La raison ? Je suis infirmière, un métier à risques, et j’ai des « chances » de contracter le coronavirus. »
Le risque serait qu’elle infecte son mari et la brigade ne veut pas « perdre un membre effectif de la gendarmerie ». Il fallait donc protéger le mari quitte à sacrifier une infirmière dont le travail doit être un peu plus important par les temps qui courent. Travail anxiogène, obligation de déménager et d’organiser la garde des enfants. Au final, l’infirmière a dû se mettre en arrêt. Pour la jeune femme il s’agit clairement d’une injustice : « On ressent une forme d’injustice car on se protège, on prend toutes les dispositions… Les autres peuvent être confinés en famille mais nous non. »
Laisser sur le carreau une infirmière au profit d’un gendarme, voilà qui illustre sans surprise la logique des autorités : la réponse sécuritaire avant tout, et tant pis pour ceux qui travaillent pour la santé de tous.