De l’Ukraine à l’Alsace : chroniques atomiques

INCENDIE RADIOACTIF À TCHERNOBYL

Autour de l’ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, le «niveau de radioactivité était 16 fois supérieur à la normale» le 5 avril dernier. Un immense feu de forêt s’y était déclaré, faisant fortement augmenter le taux de radioactivité de la «zone d’exclusion». Depuis, les flammes continuent de parcourir les forêts autour du réacteur, accidenté en 1986 et à l’arrêt depuis 2000.

Les autorités prétendent qu’il n’y a «aucune menace» pour la centrale ou ses installations de stockage, tandis que le vice-ministre de l’intérieur Anton Gerashchenko insiste : «Tout ira bien». En attendant, les incendies paraissent incontrôlables.

Selon Greenpeace Russie, l’un des feux se trouvait à un kilomètre de l’usine elle-même. Le plus grand incendie couvrait 34.000 hectares, tandis qu’un second foyer avait une superficie de 12.000 hectares. L’Ukraine a envoyé des centaines de pompiers ainsi que des avions et des hélicoptères.

DÉCRETS NUCLÉAIRES

L’État d’urgence sanitaire ne dissimule pas seulement des décrets détruisant le code du travail. Il touche aussi le domaine du nucléaire.

Le 27 mars dernier, en plein confinement, un décret a repoussé «le délai maximal de mise en service de l’EPR de Flamanville». Ce chantier pharaonique de centrale nucléaire «nouvelle génération» surpuissante et beaucoup plus dangereuse accumule les retards depuis son lancement. Le nouveau décret publié ce vendredi porte à dix-sept ans, au lieu de treize, le délai du chantier. Sur l’installation, il y a notamment eu des problèmes de fissures dans le béton ou des problèmes de soudures.

Peu avant le confinement, un autre décret pris par le gouvernement a transformé le Cossen — une instance chargée de filtrer les entrées sur les sites nucléaires — en cellule de renseignement. Il s’agit d’une unité créée en 2016, rattachée à la Gendarmerie nationale, qui aura la possibilité de «collecter» et de «diffuser» des informations sur les menaces visant le secteur. Les militants anti-nucléaires s’inquiètent de cette disposition.

«INCIDENT» À LA CENTRALE DE FESSENHEIM

La centrale de Fessenheim, dans l’Est de la France, est la plus vieille centrale nucléaire française. Ayant largement dépassé sa date de péremption, sa durée d’activité a déjà été repoussée par le passé. Le 5 avril, la centrale a été «mise» temporairement à l’arrêt, après un «dysfonctionnement» détecté sur un robinet de son dernier réacteur en fonction. Celui-ci doit être débranché le 30 juin, en vue du démantèlement de la centrale.

Les écologistes français, allemands et suisses ont régulièrement dénoncé la vétusté et la dangerosité de cette installation. EDF assure que l’opération n’a «pas d’impact sur la sûreté et sur l’environnement». Des dizaines d’incidents «mineurs» sont recensés chaque année dans les centrales nucléaires françaises.


L’industrie nucléaire est une industrie extrêmement complexe, opaque, aux effets déjà nocifs et potentiellement dévastateurs pour l’humanité. L’actualité nous montre que la gestion d’une épidémie est déjà calamiteuse : face à une maladie, les autorités sont incapables de trouver des masques en papier. On ne peut que s’inquiéter des conséquences d’un éventuel accident nucléaire de grande ampleur, et des réactions de tels gouvernements.

Notre époque se caractérise par l’application du «principe de précaution» dans tous les domaines de la vie, surtout sécuritaires et économiques, mais jamais lorsqu’il s’agit de santé et de préserver la nature.



Relire les chronique écologiques de juillet et août 2019 :

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