C’est dans une lumière dorée, depuis la fresque réalisée en solidarité avec la révolte qui touche les États-Unis, que quelques centaines de personnes se sont réunies hier soir à Nantes contre les violences d’État. Une affluence inattendue en bas de la Carrière Misery, pour un appel improvisé, lancé quelques heures plus tôt seulement, en l’absence sidérante de la gauche nantaise.
Démarrant timidement, le cortège très jeune s’est élancé vers le centre-ville. Les noms des personnes tuées par la police étaient énumérés par la foule réclamant justice. Notamment ceux des trois défunts à Nantes ces dernières années : Abdou, Aboubacar, et Steve. Parti à 400, il a gonflé progressivement en avançant, atteignant un petit millier de participants dans une grande énergie. Une compagnie de CRS, déployée par le préfet pour bloquer la manifestation, s’est repliée dès le quai de la Fosse. À commerce, les cris «la vie des noirs compte» résonnaient. Dans le centre, les terrasses bondées applaudissaient à l’unisson sur le passage du cortège criant «pas de justice, pas de paix» et certains clients rejoignaient la marche. Un soutien populaire qui témoigne de l’importance des questions de violences d’État, de racisme et d’impunité policière dans les esprits.
La manifestation, très dynamique, a pu emprunter toutes les rues du centre historique, de Bouffay à la Place Royale, désertées par la police. Une tactique plutôt habile du préfet : une manifestation sans tension artificiellement crées par la police, qui permet paradoxalement de rendre l’événement quasiment invisible médiatiquement.
C’est la première vraie manifestation à Nantes depuis le confinement. Le mouvement ne demande qu’à s’étendre, rendez-vous dans les jours à venir !