Art officiel contre art engagé
Vous êtes bien dans un pays où le gouvernement défend des statues à la gloire de militaires sanguinaires, de colonialistes et de vendeurs d’esclaves, mais se sent « choqué » par une fresque en hommage aux victimes de la police.
Une fresque représentant Adama Traoré et George Floyd a été réalisée à Stains, en banlieue parisienne. Les syndicats policiers, qui détiennent le pouvoir réel en France, ont appelé à saccager la fresque, avant de se rétracter face à la résistance populaire. À présent, le syndicat Alliance appuyé par le ministre de l’intérieur et le préfet réclament la censure du terme «policières» de la fresque contre les «violences policières». Une logique totalitaire, un crachat posthume sur les victimes.
Dans le même temps, Macron affirme, de concert avec la plupart des grands médias, qu’il est hors de question de déboulonner les statues à la gloire d’esclavagistes ou de colonialistes. Nos villes sont constellées de monuments de l’histoire officielle : militaires, exploiteurs, racistes et parfois criminels. Visiblement, cette histoire officielle, cette histoire des vainqueurs et des puissants, écrite parfois il y a des siècles, reste intouchable. Pourquoi ne pas remplacer les statues de criminels contre l’humanité par celles des figures des résistances passées, des mobilisations sociales, des émancipations ? Pourquoi ne pas peindre partout des fresques valorisant les populations opprimées ?
Cette double réaction du pouvoir fait système. Il est interdit de dénoncer les oppressions d’aujourd’hui, et il est interdit de dénoncer les oppresseurs d’hier.