Au-delà de l’impunité : un policier condamné pour avoir tué est promu !
En 2012, en banlieue parisienne, le policier Damien Saboundjian tire à quatre reprises sur Amine Bentounsi, 29 ans. Le jeune homme s’écroule, tué d’une balle dans le dos, dans ce qui s’apparente à une exécution. C’est le début d’un long combat judiciaire mené par la sœur du défunt, Amal Bentounsi, qui va remuer ciel et terre pour obtenir justice.
5 années s’écoulent, un chemin de croix judiciaire. Finalement, le policier tireur est renvoyé devant une cour d’Assises. Un événement rarissime. Il sera condamné en appel à Paris à 5 ans de prison avec sursis et 5 ans d’interdiction de port d’arme pour ces «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» commises dans l’exercice de ses fonctions. C’était le 10 mars 2017.
Malgré sa condamnation à cinq ans de prison avec sursis pour avoir tué Amine Bentounsi d’une balle dans le dos, Damien Saboundjian n’a jamais été sanctionné sur le plan disciplinaire. Il continue donc d’exercer, malgré une condamnation lourde et très rare, pour des faits gravissimes. Aujourd’hui, Damien Saboundjian est toujours policier.
Juste avant le confinement, l’agent est même devenu délégué du syndicat policier Unité SGP Police. Condamné pour violences, il est chargé de représenter la police. Dans un tract diffusé par l’organisation, le 5 mars dernier, Damien Saboundjian pose aux côtés de Brice Gajean, avec cette légende : «Vos nouveaux délégués grenoblois». Adhérent de longue date à Unité SGP et déjà délégué syndical avant l’affaire, lorsqu’il exerçait en Seine-Saint-Denis, Damien Saboundjian a donc de nouveau été désigné après sa condamnation.
La condamnation de ce policier est même, selon le syndicat, un gage de qualité ! Le secrétaire général d’Unité SGP, Yves Lefebvre, abonde dans ce sens : «Mieux que quiconque, il incarne la défense du policier, parce qu’il sait de quoi il parle». Il assume avoir personnellement «piloté» Damien Saboundjian vers ce poste de délégué. Yves Lefebvre est le policier très médiatisé qui avait déclaré sur un plateau, à propos d’un Gilet Jaune ayant eu la main arrachée par une grenade «c’est bien fait pour sa gueule».
La sœur du défunt est ulcérée : «Cette nomination est extrêmement choquante. C’est un énième crachat, une provocation, un pied de nez inadmissible aux familles de victimes qui réclament la justice. C’est une prise de position, une attaque même… on ne peut la prendre que comme ça. Ils l’ont nommé délégué syndical alors même qu’il a été condamné pour avoir tué mon frère d’une balle dans le dos. Ils envoient un signal très clair : ils se protègent les uns les autres, quoi qu’ils fassent, et pour eux, les vies de nos frères ne comptent pas. Déjà que la condamnation, arrachée après des années de lutte, n’était pas à la hauteur du crime, mais alors là, c’est l’expression d’une impunité organisée et assumée.»
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