Comment les médias ont transformé un militant pétainiste en «victime»

Vous avez forcément entendu parler de «l’affaire Augustin». Depuis deux jours, toutes les chaînes d’infos tournent en boucle sur ce «jeune homme» qui aurait été «sauvagement agressé par des racailles» dans les rues de Lyon. On a pu entendre à longueur de journées le récit détaillé d’un soi-disant «lynchage» gratuit.
En réalité, Augustin est jeune militant l’Action Française. Un groupuscule de l’extrême droite radicale, pétainiste, royaliste et violemment antisémite. L’Action Française est une habituée des actions coups de poings et entraîne ses militants aux combats de rues.
Sur la photo de gauche, on aperçoit clairement Augustin, la «victime» médiatique, effectuer le salut à trois doigts, un symbole catholique traditionaliste notamment utilisé par l’extrême droite serbe. Il peut aussi renvoyer à un geste utilisé par le Ku Klux Klan.
Sur la photo du centre, le même Augustin s’entraîne au combat dans le cadre des formations de son groupuscule royaliste
Sur la photo de droite, l’Action Française ne cache pas sa proximité avec Augustin qu’ils considèrent comme un «français qui ne baisse pas la tête», référence claire à un de leur «camarade». Le frère du jeune homme, probablement d’extrême droite aussi, a d’ailleurs immédiatement parlé de «racailles colorées» dans un post devenu viral.
La version de l’extrême droite et des proches d’Augustin – qui parlent d’un véritable «lynchage » commis à 5 contre 1 – a volé en éclat. Les jeunes femmes présentes sur les lieux disent ne pas avoir été agressées, bien qu’elles aient subi des invectives sexistes dans la rue. Quant à Augustin, il a reçu un coup de poing dans la mâchoire par un seul individu lors de l’altercation. Les jeunes femmes s’interposent. Ce que corrobore une vidéo. Le «passage à tabac à 5 contre 1 sans que personne ne réagisse» est tout simplement inventé. L’utilisation du mot «lynchage», qui renvoie aux exécutions racistes atroces commises collectivement aux USA est donc particulièrement obscène dans ce contexte.
À présent, cette affaire médiatique montée de toute pièce sert à l’extrême droite lyonnaise, qui prépare une manifestation vendredi, avec une page Facebook rassemblant des milliers de personnes en surfant sur l’émotion. Les grands médias alimentent la haine raciale.
Qu’est-ce qui est le plus grave : qu’un militant d’extrême droite extrapole une agression ? Que les grandes chaînes relaient en boucle pendant des jours la propagande de l’extrême droite avec une complaisance évidente ? À quel jeu jouent les médias ? Cherchent-ils délibérément à amener l’extrême droite au pouvoir ?
Pendant ce temps, de véritables violences, policières, racistes, sexistes, sociales, tuent tous les jours. Dans une indifférence mortifère.
NB : les jeunes filles importunées sont maintenant menacées de mort par de nombreux militants d’extrême droite qui n’acceptent pas qu’elles contredisent les mensonges des proches d’Augustin. L’extrême droite dans toute son abjection voulait utiliser la cause des femmes pour justifier le racisme, et finit par s’en prendre à elles.
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