À Athènes, la police a empêché un hommage contre la répression. Les contestataires saluent la résistance en France.
Le 6 décembre, cela faisait exactement 12 ans qu’un jeune anarchiste, Alexis Grigoropoulos, avait été abattu d’une balle dans la tête par un policier à Athènes. En 2008, cet événement avait déclenché une vague de révolte gigantesque dans toute la Grèce. Depuis, chaque année, le 6 décembre, des manifestations ont lieu pour se souvenir, et lutter contre la répression.
Cette année, les forces de l’ordre ont empêché le recueillement devant la plaque commémorative, à l’endroit où je jeune homme a été assassiné à l’âge de quinze ans. 160 personnes ont été arrêtées et emmenées dans des bus pour avoir essayé de se rassembler. Un policier a même arraché un bouquet de roses déposé sur les lieux avant de le détruire devant les caméras. Les images ont rapidement fait le tour de la Grèce.
Dans le quartier d’Exarchia, bastion anarchiste dans la capitale Grecque, les rues sont saturée d’uniformes. L’État grec a déployé un régiment de forces de l’ordre appuyé par deux hélicoptères et plusieurs drones pour empêcher toute contestation. Il y a des explosions, des flammes. Cela fait des mois que la police grecque tente d’affaiblir le quartier en évacuant beaucoup de squats, mais certains résistent encore.
Des perquisitions, des expulsions, des journalistes empêchés de filmer, des policiers avec des symboles d’extrême droite ont été remarqués. Le 6 décembre, personne n’a pu entrer dans Exarcheia sans être contrôlé, même les taxis, 31 stations de métro ont été fermées, plusieurs lieux ont été bloqués, parfois avec des militant.es à l’intérieur, une grenade a été tirée dans un bâtiment.
Deux jours plus tôt, une manifestation surprise avait eu lieu devant le parlement, avec une projection de peinture rouge. Le groupe libertaire Rouvikonas a visé cinq lieux de pouvoir contre la politique du gouvernement, en particulier contre la gestion catastrophique de la crise sociale provoquée par le Covid. Le groupe a aussi organisé de la solidarité alimentaire pour celles et ceux qui en ont besoin. Le collectif Rouvikonas a rendu hommage à la résistance à la loi sécurité globale en France : « Comme ils l’ont fait en France, où, de la même sale manière, l’État a tenté de garantir le droit à la répression absolue et où la base sociale française est descendue dans la rue et l’a forcée à se retirer. »
En France comme en Grèce, la gestion autoritaire des États se durcit, les pleins pouvoirs sont donnés à la police, les espaces alternatifs, les milieux contestataires, et tout ce qui sort du cadre subissent une répression de plus en plus implacable. Mais les résistances existent et se renforcent !
Photos et infos : Yannis Youlountas